Quelques autres
professeurs
Né à Aubel, Paul Gérono (en religion le Père Ghislain) arrive au collège en
1966 comme titulaire de la 6ème latine B. Il donnait les cours de
latin et de religion (également en 6ème A et en 5ème
latine). Avec Monsieur Devigne, il est le plus jeune professeur que nous ayons
connu puisqu’il n’avait que 26 ans à l’époque. Souffrant de ne pas avoir
d’autorité auprès des élèves, il quitte le collège en juin 1969.
Nous n’aurions sans doute plus jamais entendu parler de lui si, en 1985, il
n’avait pas été cité à comparaître devant le tribunal de Bruxelles pour
rébellion envers les forces de l’ordre. Devenu clochard parmi les clochards, il
s’insurge un soir face au traitement qu’un policier fait subir à l’un de ses
compagnons d’infortune de
Son aventure fait du bruit. Jugé quelques mois plus tard, il ressort du
tribunal libre et la tête haute. La presse rend compte du procès, s’intéresse à
lui et il donne ainsi le 9 mai 1985 une tribune libre au journal « Le Soir ».
L’auteur de ces lignes a rencontré longuement son ancien titulaire à la
fraternité franciscaine de
Comme on sait, pour nous élèves, la vie au collège n’était pas toujours
facile et il me confia avoir connu –différemment- les mêmes difficultés :
il avait dû en effet –contre sa volonté- remettre l’habit franciscain pour
aller enseigner au collège (nous étions alors en 1966). Il ressentait comme un
véritable bol d’air le fait d’aller chaque semaine à la clinique d’Aye où il
avait été nommé aumônier. A l’écouter parler, on sentait la différence de
générations qui lui avait fait comprendre son ministère différemment des autres
pères du collège et les tensions qui avaient pu en résulter.
Il voulait aller au monde, se
faire pauvre parmi les pauvres. Il
finit par abandonner l’habit franciscain. Néanmoins, en 2005, il assurait
encore un service dans les aumôneries des prisons existant dans le diocèse de
Namur.
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Le Père Marc (28 février 1914 – 18 mai 1985)
Emile Mangers (en religion le Père Marc) est né à Bastogne en 1914. Il fait
ses études secondaires au collège Saint François où l’un de ses condisciples
est Anatole-Gédéon Mahillon, futur Père Gédéon.
Le Père Marc nous donnait cours de religion en 4ème
latine ; nous avions peu d’idée du programme imposé dans cette classe pour
ce cours mais il était manifestement clair qu’il ne le suivait pas,
préférant-et de loin- nous raconter sa période scoute, ses années passées en
Allemagne comme prisonnier de guerre ainsi que son expérience d’aumônier des
condamnés à mort. Nous le chahutions assez souvent et il semble en avoir été
fort affecté, gardant en particulier un très mauvais souvenir d’une blague
cruelle montée par certains d’entre nous et mettant en scène l’image d’Hitler.
Bien sûr, à l’époque nous ne savions pas ce que nous faisions mais cela reste
difficilement excusable.
A l’écouter parler on sentait qu’il n’avait aucune haine envers les
Allemands –ce qui n’allait pas nécessairement de soi à l’époque où il nous
donnait cours. N’était-ce pas là un exemple ? Il nous racontait également
ses visites dans la cellule des condamnés à mort –c’est-à-dire à l’époque des
condamnés pour faits de collaboration. Il ne voyait pas leurs fautes –qui
devaient pourtant l’impressionner défavorablement, lui qui avait été prisonnier
de guerre – mais seulement des hommes à préparer au mieux pour l’ultime passage
– ce dont il nous parlait avec grande éloquence. Tout cela ne n’éclairait-il
pas mieux le ministère du prêtre que le meilleur traité spirituel ?
Il était fragile du cœur et eut plusieurs infarctus ; il ne détestait
pas un petit alcool non plus : après tout, qui oserait l’en blâmer ?
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Monsieur Joseph Devigne (6 avril 1941 - )
Monsieur Devigne, entré au collège alors que Paul Smolders (futur Père
Matthieu) était en rhétorique, y rentra comme professeur en septembre 1965. Il
est donc le professeur le plus jeune que nous ayons connu. Il enseignait les
mathématiques en 6ème et 5ème latine de même que le grec
et la géographie. « A cette époque,
on faisait un peu de tout » aime
t’il à rappeler. Après la fusion avec Saint Remacle, il y enseigna également
mais partageait son temps avec l’Institut des Sœurs de Notre Dame où il finit
sa carrière.
Il goûte aujourd’hui une retraite heureuse en s’adonnant à l’élevage de
moutons. Il est père de deux enfants et grand-père de deux petits-enfants.
Monsieur Dumont était professeur de mathématiques et de sciences
(physique/chimie) dans les classes supérieures (de la 4ème à la
rhéto). Nous avions cours avec lui dans une classe ou les bancs étaient
disposés en gradins, ce qui assurait une parfaite visibilité aux expériences de
physique les plus spectaculaires comme par exemple lorsqu’il actionnait la
célèbre machine de Wimshurst qui rend visible l’énergie de l’électricité
statique. C’était un professeur très apprécié et exigeant mais il était sans
doute plus populaire parmi nous pour son amour du football (il faisait partie
de l’équipe de Marche) que pour ses cours qu’il donnait pourtant avec passion,
compétence, sens pédagogique… et avec beaucoup de patience.
Il goûte aujourd’hui une pension bien méritée mais, toujours animé par un
amour passionné des mathématiques qu’il a tenté avec une abnégation et une
opiniâtreté magnifiques de faire comprendre à tous, il continue à donner ici et
là des cours de rattrapage.
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Homme d’aspect sévère-ce qui n’excluait pas un certain sens de l’humour-,
il donnait cours de français en 6ème et 5ème
latine ; il savait notamment expliquer à merveille les règles des
participes passés, base d’un français parfait.
Durant nos études, il eut l’extrême douleur de perdre son épouse et
parfois, n’en pouvant plus, il nous racontait comment on l’avait traitée à
l’hôpital. Durant le rectorat du Père Matthieu, il devint titulaire de la
classe de 6ème B. Il vit aujourd’hui dans une toute petite maison
construite pour lui seul.
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Monsieur Jean-Marc Derzelle (1940 - )
Jean-Marc Derzelle fut également élève au collège ; durant sa
rhétorique, il eut comme professeur de néerlandais Monsieur Neu dont c’était la
première année. Après le départ du Père Stanislas, il fut professeur de
français en 4ème puis titulaire de la classe de troisième. Nous
l’appréciions parce qu’il apportait au collège une touche de modernité :
il adorait notamment Ekseption, un
groupe néerlandais qui eut ces années-là (1970) une certaine réputation et dont
l’univers musical évoquait quelque peu Nice
ou Emerson, Lake & Palmer : des virtuoses du progressive-rock qui aimaient
notamment transformer des thèmes classiques (leur réinterprétation du 1er
mouvement de la 5ème symphonie de Beethoven est restée leur morceau
le plus célèbre). Il nous en parlait tant que nous avons fini par lui offrir le
disque…
Il voulut un jour créer pour la fête des parents une pièce de théâtre
composée entièrement de phrases toutes faites puisées dans la publicité, les
journaux, etc. Nous lui en offrîmes une ample moisson mais il préféra en fin de
compte écrire l’entièreté du texte lui-même. Ce fut « Nous sommes tous des papegais » qui racontait la soirée de
deux familles alors que la télévision (qui était déjà à l’époque un problème de
société) venait de tomber en panne. Tous les acteurs avaient le crâne rasé
(qu’on se rassure, il s’agissait évidemment d’une perruque) et étaient vêtus
uniformément de tuniques de différentes couleurs : l’un était en blanc,
l’autre en bleu, un autre encore en jaune, etc. ; une construction géante
en frigolite ayant la forme d’un monstre figurait la télévision animée en
direct par deux autres acteurs derrière un voile. La pièce obtint un formidable
succès, elle fut même donnée quatre fois car Monsieur Derzelle était également
professeur chez les Sœurs de
Deux anecdotes enfin: la sœur supérieure à laquelle le texte de la pièce
fut soumis avant représentation « tiqua » quelque peu lorsqu’elle y
lut la parole de Jésus « Maintenant,
prenez et mangez » utilisée pour introduire un simple repas du soir.
Mais elle laissa passer…D’autre part, nous avions disposé une boîte en cartons
au fond de la salle dans laquelle tout un chacun pouvait déposer un billet avec
son opinion. Il y eut des commentaires enthousiastes mais d’autres aussi
quelque peu particuliers ; certaines jeunes filles en effet étaient
visiblement tombées sous le charme des acteurs mais ne sachant pas leurs noms
avaient anonymement écrit : « Moi,
j’aime bien le rouge » (variantes : le bleu, le jaune, le blanc, le vert), ce qui souleva parmi nous
une tempête de rires que Monsieur Derzelle eut bien du mal à calmer.
Que pensait-il du collège ? Du bien certainement puisqu’il accepta
d’en intégrer le corps professoral. Mais il resta marqué longtemps par le
souvenir d’une mauvaise gifle dont l’avait gratifié le père Damien pour avoir
simplement gardé des moufles par un jour froid d’hiver : des années après,
il en parlait toujours à Monsieur Neu dont je tiens l’anecdote.
Il quitta le collège quelque temps après et alla enseigner dans la région
d’Erpent où il est toujours actuellement.
Monsieur Paul Ferry
Monsieur Jean Lemaire
Le Père Gaétan
Et encore…
On ne sera pas étonné de ne pas trouver ici de commentaires sur MM.
Brullez, Deresteau, Ferry, Lemaire, Piérard, etc. La raison en est très simple,
je n’ai jamais eu le plaisir de les connaître ayant quitté le collège en 1972.
Mais s’il se trouve un ou des anciens qui peuvent dresser leur biographie,
qu’ils se fassent connaître. Voici mon adresse e-mail : charneuxg@skynet.be