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Du côté de Saint-François

 

1989 - 3(Chers anciens et amis, notre site est agrémenté depuis ce 28 février 2011 d’une rubrique consacrée à vos réactions)

 

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Le collège Saint-François de Marche-en-Famenne ! Ce complexe de bâtiments qui a abrité notre prime jeunesse n’existe plus comme établissement d’enseignement depuis 1989, date à laquelle il a été transféré à la ville de Marche-en-Famenne qui y loge depuis une partie de ses services communaux. Pourtant, il semblait éternel : les Pères franciscains y enseignaient depuis 1921. Nous y avons étudié, nous y avons ri, nous y avons pleuré, c’est un élément indélébile de nos jeunes années.

En fait, le collège est mort deux fois : la première en juin 1983 lorsqu’à cause des restrictions ministérielles il n’a plus été possible de le maintenir dans sa forme première et que la fusion avec l’Institut voisin de Saint-Remacle est devenue la seule issue possible. Puis, lorsque son âme pendant 20 ans, le Père Gédéon –recteur de 1952 à 1972 - est mort le 14 février 1992. Le Père Damien, préfet de discipline était déjà retourné à Dieu en 1982 dans des circonstances dramatiques ; le Père Serge de Radzitzky, titulaire de la classe de rhétorique et figure ô combien historique du collège devait décéder à son tour le 2 décembre 2005.

A cette occasion, plusieurs anciens se sont retrouvés dans l’église du Chant d’Oiseau pour saluer une dernière fois celui qui les avait tant marqués et une idée alors a jailli : pourquoi ne pas rassembler ses archives et faire à sa mémoire un site web qui relaterait sa vie ? Solution rapidement écartée au profit d’un projet plus global : raconter l’histoire du collège Saint-François dans son ensemble. C’est ainsi que l’un d’entre nous entra en contact avec la famille du Père Serge dont les riches archives servirent de base à ce projet. Puis ce fut la découverte fortuite de la formidable documentation photographique de Monsieur Neu, notre professeur de néerlandais, que le Père Gédéon lui avait confiée et qu’il avait complétée par de nombreux autres documents. Il a alors fallu faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire, scanner et encore scanner, rédiger de multiples textes d’introductions et de légendes pour chacune des photographies présentées ici.

Le collège, c’était d’abord et avant tout le lieu de l’apprentissage du latin, du grec et du français, matières d’enseignement largement mises en avant, beaucoup plus que les langues modernes, les mathématiques ou les sciences. Mais comme le dit Monsieur Deweert, un de nos professeurs devenu écrivain sur le tard ” Le français, le latin, le grec, l'histoire, la philosophie ne sont pas des branches “rentables” mais elles permettent de chercher un sens à sa vie ».

Nous y avons chanté la colère d’Achille, pleuré sur le destin d’Hector, admiré Ulysse aux mille tours, accompagné Enée dans les enfers obscuri sola sub nocte, plaidé pour Milon, ri aux éclats lorsque nous apprenions ce que faisait vraiment la bonne Pauline à la gare… C’était aussi le lieu d’apprentissage de la vie en commun, les grandes promenades, la Saint-Thibaut, la Saint-Nicolas « avec ses célèbres verges et autres vessies », les plongeons dans le bassin de natation en mai et juin, les séances de diction, les pièces de théâtre représentées en mai, le voyage d’Italie qui nous permettait enfin de découvrir cette terre chantée par les poètes que nous traduisions, le début des grandes amitiés, la naissance d’une vocation pour certains : les Pères Anselme, Gédéon, Marc, Matthieu, Serge et Stanislas, que nous y avons connus comme professeurs, sont passés par le collège comme élèves tout comme Pierre Deleclos, devenu le Père Fabien Deleclos, ancien chroniqueur religieux à « La Libre Belgique » aujourd’hui décédé, et Jean-Marie Sevrin, le célèbre exégète de l’Université de Louvain. D’autres élèves y sont devenus ensuite professeurs, comme Messieurs Devigne, Deresteau, Derzelle et Warnotte.

Ne nous le dissimulons pas : nous y avons souffert aussi. Jusqu’au début des années 1970 (fin du rectorat du Père Gédéon), le modèle ancien d’éducation y avait toujours droit de cité : le lever était à 6 heures 30 (sauf le dimanche)- les gens de ma génération ont encore eu de la chance, des élèves plus anciens m’ayant assuré que, de leur temps, le lever était à 5 heures 55 ( !)-, nous rentrions chez nous tous les 15 jours et seulement à partir du samedi à 13 heures (si nous n’étions pas retenus), nous n’avions aucun droit sinon celui de nous taire, nous devions nous placer en rang avant d’entrer dans la salle d’études, nous y asseoir en silence, le manteau était interdit même par grand froid –il est vrai que le Père Gédéon donnait l’exemple en marchant toujours pieds nus dans ses sandales- les punitions et retenues pleuvaient, les cheveux devaient impérativement rester courts, tous les disques et livres introduits dans le collège devaient passer par la censure –à vrai dire très relative- du Père Gédéon et certains Pères ne se privaient pas de donner de la voix (souvent) et de la main (très rarement) à chaque incartade. Un régime disciplinaire déjà mis en question à l’époque et qui aujourd’hui n’est plus de rigueur même dans les établissements d’enseignement réputés les plus sévères.

D’où vient alors que –passés les premiers moments où la sévérité de cette discipline est immanquablement évoquée- les anciens se souviennent presque toujours avec émotion des années qu’ils y ont passé ? Pourquoi tant d’anciens ont-ils gardé jusqu’à aujourd’hui les programmes des pièces de théâtre qu’on y a jouées ainsi que les numéros de FAMA, le petit journal animé par les rhétoriciens ? Pourquoi cette émotion ressentie lors de l’annonce des décès du Père Gédéon, du Père Serge et du Père Jean-François ? Pourquoi ces liens toujours gardés avec l’un ou l’autre des professeurs et dont témoignent les archives susdites remplies de lettres, de faire-part de mariages, d’invitations de toutes sortes, de remerciements, de vœux de Noël et de Nouvel An?

Sans doute parce que nous avons compris à la longue que ces prêtres, ces professeurs avec leurs qualités et leurs défauts voulaient de tout leur cœur nous donner une solide colonne vertébrale, nous aider à faire de nous des hommes capables d’un jugement autonome. Parce qu’ils étaient proches de nous, savaient comprendre nos problèmes d’adolescent –combien d’entre nous se sont confiés à eux en toute liberté- parce qu’ils étaient fiers de ce que nous étions devenus et gardaient des liens avec leurs anciens élèves. Parce qu’ils ne voulaient pas nous abaisser mais nous élever. Parce qu’ils étaient eux-mêmes des hommes droits qui mettaient en pratique ce qu’ils prêchaient. Parce qu’ils nous aimaient tout simplement.

Plan du site

 


Note sur les archives et le choix des photographies

 

Les archives auxquelles nous avons eu accès sont pour l’essentiel celles du Père Serge et de Monsieur Neu. Les archives du Père Serge fourmillent de photos parfois personnelles, de cartes postales, de listings de rhétoriciens, de faire-part de mariages, de naissances ou de décès, de cartes de vœux, de lettres reçues d’anciens sur tous les sujets, d’articles de journaux concernant soit le collège, soit d’anciens élèves, y compris ceux qui n’ont fait qu’y passer sans accomplir le cycle complet de leurs études. Les archives de Monsieur Neu sont très largement photographiques mais sa documentation concernant les premières années du collège est sans égale : il est vrai qu’il reçut ces photos de la main même du Père Gédéon.

Nous n’avons bien entendu publié aucun document à caractère personnel (par exemple des remerciements suite à une lettre adressée à l’occasion d’un deuil). De même, nous n’avons pas repris d’articles de journaux relatifs aux anciens élèves ; en revanche nous avons choisi de publier les articles concernant un professeur (le père Ghislain ou Monsieur Deweert) ou le destin du collège (histoire/acquisition par la commune de Marche), ceci tout simplement parce qu’ils sont de nature à intéresser plus de personnes. Bien évidemment, les faire-part de décès des Pères Damien, Marc, Gédéon, Serge et Jean-François ont été reproduits de même que les homélies et divers messages prononcés à ces occasions.

Quelles photos choisir ? D’emblée, il nous est paru évident qu’il fallait se cantonner à celles recouvrant la période de l’enseignement dit « traditionnel » : autrement dit, aucune photo datant d’après le 30 juin 1983 n’est reproduite ici, sauf bien sûr si elle concerne une vue du collège, un professeur ou une réunion d’anciens…

Pas non plus de photographies de la vie privée d’un professeur. Une exception toutefois en ce qui concerne le Père Serge, nous avons voulu publier l’une ou l’autre photo plus personnelle (passage dans l’armée, ordination).

Comme nous l’avons dit, les archives contiennent également des photographies des années 1930 ; disons-le tout net, nous avons choisi de ne pas les publier car ce site web n’a pas la prétention à l’exhaustivité et d’autre part, plus aucun de ces visages ne dirait la moindre chose au plus ancien qui éventuellement le visionnera : qui se souvient du Père Aurélien ou du Père Chrysologue ? Bien entendu, lorsqu’elles nous font voir le Père Gédéon à 15 ou 18 ans, la réaction est tout autre et elles méritent alors toute leur place… Mais en principe, ce site web contient peu de photographies d’avant 1960 sauf lorsqu’elles concernent le visage primitif du collège ou les grands travaux qui y ont été entrepris sous le rectorat du Père Gédéon.

On verra que pour les bâtiments, la Saint Nicolas, la fête du Père Recteur, le théâtre, le voyage d’Italie, il y a surabondance de documents. Mais il en existe beaucoup moins pour certaines figures « historiques » comme les Pères Damien ou Stanislas par exemple. Presque rien non plus pour un certain nombre de professeurs laïcs. Par ailleurs, l’auteur de ces lignes est sorti de rhétorique en juin 1972 ; il n’a donc pas pu connaître les nouveaux professeurs qui sont arrivés au collège sous le rectorat du Père Matthieu. D’autre part, les archives sont relativement muettes à leur sujet ; il est donc compréhensible qu’ils n’y soient guère représentés. Qu’ils ne nous en tiennent pas rigueur.

Un dernier mot enfin : ce site revendique clairement sa subjectivité. Il est des anciens qui ont conservé du collège un souvenir très positif, voire ému (comme l’indique Albert Warnotte dans le mot introductif au groupe d’Anciens du Collège qu’il a créé sur Facebook). Mais d’autres ont haï cette institution, il est vrai très sévère. Chacun aura sans doute déjà deviné quel souvenir j’ai gardé de Marche.

Bonne lecture !

 

C’est ici l’occasion de lancer un appel : si vous possédez des documents complémentaires sur n’importe quelle partie de ce site web, n’hésitez pas à entrer en contact avec moi et à me les faire parvenir. Voici mon adresse e-mail : charneuxg@hotmail.be

 

Remerciements

 

Enfin, je tiens tout spécialement à remercier ici toutes les personnes qui à un degré ou un autre m‘ont aidé dans l’élaboration de ce site web :

- La famille du Père Serge de Radzitzky et tout spécialement son frère Stanislas qui a mis à ma disposition les archives du Père Serge

- Le Père Fabien Deleclos (né le 9 janvier 1925, ordonné en même temps que le Père Serge et mort le 16 juillet 2008) pour ses renseignements biographiques sur le Père Serge, sa traduction d’un texte latin et la permission de reproduire l’homélie qu’il a prononcée à l’occasion de la messe d’adieu au Père Serge.

- Les Pères Jean de Schampheleer (décédé le 15 juin 2008) et Agnello Jacquemin, qui m’ont ouvert les archives du couvent du Chant d’Oiseau à Bruxelles.

- Le Père Antoine Collot qui m’a transmis l’homélie prononcée à l’occasion de la messe d’adieu au Père Jean-François.

- Monsieur Hubert Neu pour son accueil, ses conseils et ses riches archives photographiques

- Monsieur Willy Deweert pour ses encouragements

- Jean-Paul Misson (rhéto 1970) qui m’a permis de reproduire l’éloge prononcé par lui lors de la messe d’adieu du 9 décembre 2005

- Pierre de Theux de Meylandt (rhéto 1972)

- Michel Oldenhove de Guertechin (rhéto 1972) qui a scanné une masse incroyable de documents photographiques et autres.

- Le Père Matthieu (rhéto 1954), Luc Zimmer (rhéto 1958), Monsieur Marcel Gilles (titulaire de 6ème B), André Balleux (rhéto 1968), Patrick Durdu, (rhéto 1971), Charles Simon (rhéto 1972), Philippe Petit (rhéto 1973), Yves Debruyne (rhéto 1980), Olivier et Quentin Smolders pour les documents qu’ils m’ont adressés.

- Vous tous qui m’avez déjà écrit en grand nombre pour vos remerciements, vos encouragements, vos impressions et vos corrections (indispensables !). Vos réactions les plus intéressantes sont par ailleurs reprises ici.

 

- Claudine Penninck et Mireille Paindavoine pour leur patience et leur travail de scanning

- Marcel Meynaert (ainsi que son fils Nathan) pour la mise en œuvre technique de ce site.

Je n’aurai bien sûr garde d’oublier ici tous les professeurs rencontrés au collège Saint-François : les Pères Gédéon, Ghislain, Damien, Serge, Matthieu, Stanislas, Jean-François, Anselme, MM. Gilles, Devigne, Derzelle, Deweert, Dumont – et bien d’autres.

Merci enfin à Homère, Tacite, Virgile, Sophocle, Thucydide, Molière, Racine, Victor Hugo, Frederik van Eeden, etc; je pourrais remercier bien d’autres grands écrivains mais alors la liste deviendrait trop longue…

 

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