Accueil          Les bâtiments          Nos professeurs          Les élèves          Quelques événements marquants          Le FAMA

 

Le théâtre au collège

                               

 

acteurs - plaideurs 4Le théâtre au collège a été surtout (mais pas uniquement comme nous le verrons) la chasse gardée du Père Serge qui sut utiliser au mieux les possibilités offertes par la scène de la grande salle de gymnastique (dite « salle des Franciscains ») dont la construction fut achevée en 1965.

Le dépouillement des archives du Père Serge montre manifestement que le théâtre était l’une des activités qui lui tenait le plus à cœur puisque il a conservé de très nombreuses photographies dont quelques-unes en couleur de chacune des pièces qu’il a mises en scène : d’abord des photographies de chaque acteur (ou de deux ou trois d’entre eux) puis de la mise en scène proprement dite ; un choix de ces photos est présenté ici.

La première pièce de théâtre dont ses archives gardent trace est Antigone de Jean Anouilh, représentée en 1966 ; il n’apparaît pas qu’il ait mis en scène une autre œuvre avant cette date ; avant lui, on trouve trace d’une représentation d’Antigone (de Sophocle, cette fois) avec la collaboration de musiciens extérieurs au collège qui avaient été engagés spécialement pour l’occasion.

Le choix des premiers acteurs (évidemment tous recrutés au sein du collège) ne fut sans doute pas facile pour le Père Serge lorsqu’il se risqua pour la première fois à cet exercice; on peut dire sans se tromper qu’il eut la main heureuse en choisissant Georges Lobet (rhétorique 1969) pour le rôle du garde Jonas dans Antigone d’Anouilh puisqu’il le réemploya trois fois par la suite (rôles de Petit-Jean dans Les Plaideurs en 1967, d’Argan dans Le Malade imaginaire et enfin du Roi dans Escurial). En regardant les programmes des pièces, on peut remarquer qu’il eut progressivement tendance à s’appuyer sur un petit nombre d’élèves régulièrement réemployés dans des rôles divers…

Choisir une pièce n’est jamais chose facile dans une troupe d’amateurs et le problème était encore plus compliqué à résoudre au collège à cause des rôles féminins à pourvoir ; il fallait donc trouver des acteurs à la voix et au physique point trop masculins pour que, sur scène, revêtu d’une robe et coiffé d’une perruque, le personnage – évidemment joué par un jeune garçon ou un adolescent puisse –de loin- apparaître crédible en jeune première (Angélique dans Le Malade imaginaire), en comtesse acariâtre (la Comtesse de Pimbesche dans Les Plaideurs) ou en épouse intrigante (Béline dans Le Malade imaginaire). Ainsi s’explique-en partie –le choix de pièces comme 12 hommes en colère de Reginald Rose, Escurial de Michel de Ghelderode ou Mer libre d’Emmanuel Roblès, trois pièces dans lesquelles les rôles sont uniquement masculins. Parfois, une petite entorse au texte était nécessaire et c’est ainsi que dans l’Affaire du Courrier de Lyon de Marcel Dubois, la fiancée de Lesurques fut transformée en meilleur ami de l’innocent guillotiné. Ce n’est qu’en 1980 que sur l’instance de plusieurs acteurs, le Père Matthieu Smolders, alors Recteur, autorisa « l’engagement » de deux élèves de l’Institut des Sœurs de Notre Dame pour interpréter les deux rôles féminins de Romulus le Grand, pièce de Friedrich Dürrenmatt.

Les répétitions avaient lieu en général le soir ou le mercredi après-midi. Lors de la première répétition (dès janvier), le Père Serge faisait jurer à tous les acteurs qu’ils seraient présents sur scène à la date arrêtée pour la représentation ; le mois de mai est en effet traditionnellement celui des communions solennelles et il convenait de s’assurer qu’aucun acteur ne choisirait à la dernière minute d’assister à la cérémonie plutôt que de jouer son rôle sur scène.

Lorsque la date de la représentation approchait, la grande salle était d’abord nettoyée à la sciure mouillée ; quand cette tâche était achevée, commençait alors le grand ballet des chaises et leur mise en place pour laquelle tous les élèves étaient conviés. Il y avait environ 400 places, gratuites bien entendu. Les fenêtres arrière de la salle étaient enfin occultées avec de grands caches recouverts de plastique noir.

Compte tenu de l’équipement technique de la scène, le décor des pièces était plutôt rudimentaire et surtout basé sur l’usage de tentures noires, de quelques accessoires- et de beaucoup d’imagination. Les costumes étaient loués, ce qui coûte de l’argent et tout laisse à penser que le Père Serge y allait de sa poche. Les programmes –fort bien réalisés étaient l’œuvre d’un imprimeur de Marche. Tous les acteurs étaient maquillés –parfois magnifiquement comme Jacques Baillieux (rhétorique 1969) interprétant cette année-là le rôle du Bouffon dans Escurial -par un autre fou de théâtre, l’abbé Laloux du Centre culturel provincial célèbre dans tout le Luxembourg pour mettre en scène annuellement La Passion avec ses paroissiens de Lavacherie (aujourd’hui Sainte-Ode).

Toutes les pièces étaient représentées deux fois : d’abord le samedi soir précédant la fête des parents, pour les seuls élèves et ensuite le lendemain après-midi pour les parents et les élèves. Une seule fois – pour 12 hommes en colère, la première eut lieu, sur la suggestion de Roger Leboutte (rhétorique 1971), à l’hôtel des Roches à Rochefort – dont Roger est natif.

Bien sûr, le Père Serge n’était pas le seul au collège à se risquer à la mise en scène ; d’autres professeurs comme Jean Piérard ou Jean-Marc Derzelle ont également connu quelques belles réussites avec 29 degrés à l’ombre d’Eugène Labiche ou une création mondiale comme Nous sommes tous des papegais, entièrement écrite par Jean-Marc Derzelle et qui connut – destin exceptionnel- quatre représentations : deux au collège et deux à l’Institut Notre-Dame du Sacré Cœur de Beauraing où Monsieur Derzelle était également professeur. Pour compléter l’après-midi, le Père Matthieu, titulaire de la classe de poésie dirigeait un certain nombre d’entre nous dans des chansons aux harmonisations simples.

Régulièrement et sans que nous nous en doutions, un journaliste de l’Avenir du Luxembourg était présent dans la salle lors des représentations : une petite recension –évidemment bienveillante- était publiée dans le journal quelques jours plus tard. On en trouvera ici l’un ou l’autre exemple.

Enfin, environ une semaine après les représentations, le Père Recteur et le Père Serge remerciaient les acteurs en leur offrant le verre de l’amitié au bord du bassin de natation.

Après le départ du Père Serge en juin 1972, il y eut encore des représentations théâtrales au collège. Nous en présentons deux ici : tout d’abord, Romulus le Grand de Friedrich Dürrenmatt mis en scène en 1980 par Pascal Nottet (ancien élève) et Dix petits nègres » d’Agatha Christie dirigé par Vincent Burnay (également ancien élève) en 1981.

Ainsi allait la vie théâtrale au collège Saint-François…

Ci-dessous, les photos.

 

Cliquez sur les photos pour les agrandir

 

1966  - ANTIGONE

 

Antigone 1 Antigone acteurs - antigone 4 acteurs - antigone 3 acteurs - antigone 2 acteurs - antigone 1 critique Anouilh 

L’auteur et la pièce

 

1967  - LES PLAIDEURS

 

plaideurs 2 plaideurs 1 acteurs - plaideurs 8 acteurs - plaideurs 7 acteurs - plaideurs 5 acteurs - plaideurs 4 acteurs - plaideurs 3 acteurs - plaideurs 2 acteurs - plaideurs 1 

1966-1967 Plaideurs (Monfort) B acteurs- plaideurs 6 acteurs - plaideurs 10 acteurs - plaideurs 9 lemaire Critique 

L’auteur, la pièce et les répétitions (article paru dans FAMA)

 

1968  - LE MALADE IMAGINAIRE

 

Malade 3 Malade 1 Malade-acteurs 6 Malade-acteurs 5 Malade-acteurs 4 malade-acteurs 3 Malade-acteurs 2 Malade-acteurs 1

Malade-acteurs 27 Malade-acteurs 26 Malade-acteurs 25 Malade-acteurs 24 Malade-acteurs 23 Malade-acteurs 22 Malade-acteurs 21

Malade-acteurs 20 Malade-acteurs 19 Malade-acteurs 18 Malade-acteurs 17 Malade-acteurs 16 Malade-acteurs 15 Malade-acteurs 14 Malade-acteurs 13

Malade-acteurs 12 Malade-acteurs 11 Malade-acteurs 10 malade-acteurs 9 Malade-acteurs 8 Malade-acteurs 7

L’auteur et la pièce

 

1969 - ESCURIAL

 

Escurial 2 1968-1969 Terreur folder B Escurial 1 1968-1969 Escurial (5) 1968-1969 Escurial (4) 1968-1969 Escurial(G Escurial-acteurs 6 Escurial-acteurs 5 Escurial-acteurs 4

Escurial-acteurs 3 Escurial-acteurs 1 Escurial-acteurs 7

L’auteur, la pièce et l’introduction

 

1970  - 12 HOMMES EN COLERE

 

1969-1970 Hom en Col Colère 1 Colère 3 Colère 2 Colère-acteurs 7 Colère-acteurs 6 Colère-acteurs 3 Colère-acteurs 2 Colère-acteurs 1 critique-12

L’auteur et la pièce

 

1971  - MER LIBRE

 

Mer 2 Mer 1 1970-1971 Mer Libre(Jean-Charles Jacquemin 1970-1971 Mer Libre(Bruno Rase et J-F Stiernon) 1970-1971 Mer Libre B Mer-acteurs 13 Mer-acteurs 12 Mer-acteurs 11 Mer-acteurs 10 Mer-acteurs 9 

mer-acteurs 8 Mer-acteurs 7 Mer-acteurs 6 Mer-acteurs 5 Mer-acteurs 4 Mer-acteurs 3 Mer-acteurs 2 Mer-acteurs 1

L’auteur, la pièce et la rubrique théâtrale (FAMA)

 

1972   - L’AFFAIRE DU COURRIER DE LYON

 

1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 

1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 1971-1972 Cour 

1971-1972 Cour 1971-1972 Cour1971-1972 Cour

L’histoire

 

1980 – ROMULUS LE GRAND

 

IMG_0008  IMG_0009  IMG_0011 IMG_0010

 

1981 - 10 PETITS NEGRES

 

1980-1981 théatre folder B 1980-1981 théatre folder A 1980-1981-théatre-002 1980-1981-théatre-001 vincent burnay Scan0015 

Scan0012 1980-1981-théatre-007 1980-1981-théatre-006 1980-1981-théatre-005 1980-1981-théatre-004

L’auteur et la pièce

 

 

Retour

 

 

 

 

Jean Anouilh - biographie

anouilh 2Fils d'une famille franco-basque installée à Paris, Jean Anouilh commence des études de droit puis débute une carrière de publicitaire. Mais sa rencontre avec les pièces de Jean Giraudoux sont une révélation : il vivra par et pour le théâtre. Après avoir été secrétaire de Louis Jouvet jusqu'en 1932, il sort une première pièce, 'L'hermine'. Le succès et la célébrité viennent avec sa deuxième pièce, 'Le voyageur sans bagage', en 1937. Dès lors, il ne cesse de travailler et de rencontrer le succès auprès du public, malgré des critiques parfois sévères. Il a de plus participé à vingt-deux films, traduit sept pièces de dramaturges étrangers, et mis lui-même en scène onze pièces. Une trentaine de ses pièces ont été montées, notamment par George Pitoëff au théâtre des Mathurins, et interprétées par les plus grands comédiens, français ou étrangers. Ses pièces qu'il a catégorisées (pièces noires, roses, grinçantes, brillantes...) donnent une image constante et pessimiste de la nature humaine, rongée par la nostalgie d'une pureté perdue.

 

 

 

 

 

 

Antigone : la pièce

Ant4C'est à un acte de résistance qu'Anouilh doit l'idée de travailler sur le personnage d'Antigone. En août 1942, un jeune résistant, Paul Collette, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes Le jeune homme n'appartient à aucun réseau de résistance, à aucun mouvement politique ; son geste est isolé, son efficacité douteuse. La gratuité de son action, son caractère à la fois héroïque et vain frappent Anouilh, pour qui un tel geste possède en lui l'essence même du tragique. Nourri de culture classique, il songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un esprit moderne évoque la résistance d'un individu face à l'État. Il la traduit, la retravaille et en donne une version toute personnelle. La nouvelle Antigone est donc issue d'une union anachronique, celle d'un texte vieux de 2400 ans et d'un événement contemporain.

Dans la pièce de Sophocle le personnage tragique n'est pas Antigone, mais Créon. Comme Œdipe, Créon s'est cru un roi heureux. En cela, il fait preuve de "démesure" (ubris, en grec), pour cela il doit être puni. Antigone est l'instrument des dieux, Hémon le moyen, Créon la victime. Lui seul est puni en fin de compte. La mort d'Antigone n'est en rien une punition, puisqu'elle n'a commis aucune faute, au regard de la loi divine - au contraire. La tragédie est celle d'un homme qui avait cru à son bonheur et que les dieux ramènent aux réalités terrestres.

Représentée dans un Paris encore occupé, Antigone à sa création a suscité des réactions passionnées et contrastées. Le journal collaborationniste Je suis partout porte la pièce aux nues : Créon est le représentant d'une politique qui ne se soucie guère de morale, Antigone est une anarchiste que ses valeurs erronées conduisent à un sacrifice inutile, semant le désordre autour d'elle. Mais simultanément, on a entendu dans les différences irréconciliables entre Antigone et Créon le dialogue impossible de la Résistance et de la collaboration, celle-là parlant morale, et celle-ci d'intérêts. L'obsession du sacrifice, l'exigence de pureté de l'héroïne triomphèrent auprès du public le plus jeune, qui aima la pièce jusqu'à l'enthousiasme. Les costumes qui donnaient aux gardes des imperméables de cuir qui ressemblaient fort à ceux de la Gestapo aidèrent à la confusion. Pourtant, même sur ces exécutants brutaux Anouilh ne porte pas de jugement : "Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d'eux-mêmes de la justice.". Et ne pas juger ces "auxiliaires de la justice", les excuser même, un an après la rafle du Vel'd'Hiv peut paraître un manque complet de sensibilité - ou la preuve d'une hauteur de vue qui en tout cas démarque la pièce de l'actualité immédiate.

Même si les positions politiques ultérieures d'Anouilh le situent dans un conservatisme ironique, on peut postuler qu'Antigone est en fait une réflexion sur les abominations nées de l'absence de concessions, que ce soit au nom de la Loi (Créon) ou au nom du devoir intérieur (Antigone). C'est le drame de l'impossible voie moyenne entre deux exigences aussi défendables et aussi mortelles, dans leur obstination, l'une que l'autre.

Retour

____________________________________________

Jean Racine – biographie

racineOrphelin à trois ans, Jean Racine est éduqué à Port-Royal. Il devient l'ami de fils de grandes familles du royaume, relations qui lui seront fort utiles dans sa carrière.

Décidé à devenir auteur, Racine essaye vainement d'obtenir un bénéfice ecclésiastique pour assurer sa vie matérielle. Colbert lui fait pourtant obtenir une pension en 1664, qu'il conservera jusqu'à sa mort.

Racine est d'abord reconnu comme poète officiel. En juin 1664 Molière accepte de jouer sa première tragédie : La Thébaïde ou Les Frères ennemis. En 1665, il obtient le succès avec Alexandre le Grand, mais se brouille avec Molière en donnant sa pièce à l'Hôtel de Bourgogne, théâtre rival. Racine défend le genre théâtral contre la position de l'Eglise et de Port-Royal en particulier, attaquant ainsi ses anciens maîtres.

Sa gloire réelle date du succès considérable d'Andromaque, en novembre 1667. Avec Bérénice (1670), dédiée à Colbert, Racine obtient l'enthousiasme du public et triomphe devant Corneille (qui avait auparavant écrit Tite et Bérénice). En 1673, il entre à l'Académie française, et devient Trésorier de France, à Moulins. Phèdre est créée en 1677, et se trouve alors en rivalité avec une autre pièce, Phèdre et Hippolyte que jouait le théâtre de Molière. Cette pièce soutenue par le duc de Nevers et toute une cabale, rencontre d'abord le succès avant d'être rapidement supplantée par Phèdre, qui apparaît bien vite comme le grand chef-d’œuvre de Racine.

En 1677, Racine accepte la charge (et l'honneur) d'écrire l'histoire officielle du Roi, charge qu'il partage avec Boileau. A 37 ans, Racine a cessé d'écrire pour le théâtre, n'écrivant plus que quelques livrets d'opéras pour le Roi. Mais il est l'auteur dramatique le plus joué et admiré, et ses œuvres complètes paraissent dès 1687. En 1689, Mme de Maintenon le convainc d'écrire une pièce édifiante pour ses jeunes protégées de Saint-Cyr. Esther est jouée à la Cour et obtient un immense succès, avant que les dévots ne reviennent à la charge et s'offusquent qu'on joue du théâtre au sein de l'Eglise. Athalie (1690), nouvelle commande de Saint-Cyr, n'y sera jamais joué. La même année, la tante de Racine devient abbesse de Port-Royal. Alors que l'abbaye est considérée comme le bastion du Jansénisme, Racine s'en fait le défenseur.

Il meurt le 21 avril 1699, et est enterré selon ses vœux à Port-Royal.

 

Les Plaideurs – la pièce

Image PlaideursRacine nous a offert dans Les Plaideurs le schéma comique classique d'un couple de jeunes amoureux contrariés par la lubie de leurs parents. L'originalité réside ici dans l'aberration qui hante le cerveau de Dandin et de Chicanneau : le goût exagéré du recours à la justice, la folie procédurière.

Le premier acte s'ouvre sur une savoureuse introduction en patois picard par Petit Jean, le portier du juge Perrin Dandin : son maître, atteint de la singulière manie de juger à tort et à travers sans discontinuer, a été assigné à résidence par le jeune Léandre, son fils, bien peiné de la folie paternelle. Le vieux maniaque essaie, mais en vain, de déjouer la garde du domestique en sautant par la fenêtre. Cependant Léandre nourrit aussi un tendre sentiment à l'égard d'Isabelle, fille de Chicanneau séquestrée par son père ; c'est pourquoi il ourdit un stratagème avec l'aide dévouée du secrétaire de Perrin Dandin, l'Intimé. Entre temps le même Chicanneau s'est pris de querelle avec une grande dame Yolande Cudasne, comtesse de Pimbesche, Orbesche et autres lieux, elle aussi entichée de procès sans fin.

L'acte II voit Léandre déguisé en commissaire, accompagné de l'Intimé dissimulé sous les habits d'un huissier, pénétrer par ruse dans la maison de Chicanneau. À l'issue d'un interrogatoire en règle que Chicanneau croit justifié par ses précédents démêlés avec la comtesse de Pimbesche, les deux compères lui font signer un faux procès-verbal qui est en fait une promesse de mariage en bonne et due forme. C'est l’occasion d'une scène bien savoureuse où l'Intimé abreuvé de coups par le soupçonneux et acariâtre Chicanneau, note dans le plus pur style du Palais les sévices qu'il reçoit bien stoïquement. Par la suite, le juge Dandin, comme une marionnette va apparaître et disparaître à plusieurs endroits de la maison, déjouant la surveillance de son garde. Du grenier à la cave, il essaiera d'entendre les deux plaideurs, Chicanneau et la comtesse, venus lui exposer leur différend.

L'acte III clôt la pièce en apothéose, Léandre lassé par l'inépuisable lubie de son père, lui propose de juger sa famille et ses domestiques. D'abord réticent, le vieillard va consentir lorsqu'on lui rapporte le larcin de Citron qui vient de dérober un poulet. Le procès est ouvert avec Petit Jean désigné comme accusateur, et l’Intimé comme avocat de la défense : c’est le point culminant de la comédie qui brille par sa satire spirituelle des procédés juridiques. Tandis que Petit Jean s'embrouille dans sa harangue, l'Intimé invoque l'autorité d'Aristote, cite les auteurs anciens quand il ne fabrique pas ses citations ou qu'il ne parodie pas certains mots célèbres comme le "Veni, vidi, vici" de César qui devient "Je dois parler, je parle, j'ai parlé". Bien entendu la disproportion entre les effets oratoires et la cause du procès engendre sans cesse l'amusement du spectateur. L'abondance verbeuse de l'Intimé endort le juge qui a essayé plusieurs fois d'écourter la tirade de l'avocat.

Finalement l'habileté de l'Intimé ne peut apitoyer le juge sur "cette famille désolée", "ces pauvres enfants qu'on veut rendre orphelins". Cette parodie fort réjouissante se termine par les "pleurs" des jeunes chiots qui ont souillé la robe du juge après avoir "pissé partout". Le chien Citron serait condamné aux galères, si ne survenait l'heureux dénouement, l'annonce du mariage de Léandre et d'Isabelle forts du contrat qu'ils ont extorqué à Chicanneau.

 

Les répétitions (article paru dans FAMA)

 

 

lemaire“Plaideur, Acte I, scène 1, en avant!”

« Allons, un petit peu de nerf, hein, s’il vous plaît ! ». Le Père Serge, personnage indispensable à la réalisation de la pièce, encourage de la voix et du geste les acteurs qui font de louables efforts pour jouer des rôles on ne peut plus difficiles. Pour le moment, ils sont trois sur la scène. Le premier, d’Ansembourg qui a effectué brillamment un stage de théâtre pendant les vacances s’en tire ô combien facilement : de l’avis professoral, il interprète son rôle de l’Intimé aussi bien qu’un sixième !! Là-dessus, il rougit, se trémousse et recommence en balbutiant son texte qu’il ne connaît pas comme par hasard.

Lemaire, (dans le rôle du juge Dandin) juché au sommet d’une échelle soupire d’aise et, à grand fracas, tombe sur la scène en hurlant : « Au voleur ! ». D’Ansembourg et Lobet se précipitent. Car le troisième acteur était évidemment l’ineffable Lobet qui, couché par terre, un sac de journaux lui servant d’oreiller, s’exclamait d’un ton plein de vérité et admirablement imité (on l’espère) : « Dormons ! ».

Pendant ce temps Monfort buche son texte à pleins tubes en attendant son tour de monter sur les planches (il joue Chicanneau, mon père) et me souffle d’une voix mourante : « C’est la première fois que je le lis !! ». Mais Bailleux s’est élancé sur la scène et avec des airs de jeune premier, minaude comme un marquis et essaie de crier aussi fort que Lemaire (ce qui est franchement impossible, surtout avec la voix d’ours des cavernes de notre Bailleux national). Le pauvre Lonchay, souffleur dans la pièce comme dans le « civil », souffle autant qu’il peut mais ne sait plus où donner de la tête tant les acteurs lui demandent de l’aide, sauf évidemment Lobet (alias Petit-Jean) qui connait déjà tout son rôle par cœur et se fait complimenter. Ce Pierrot-la-Lune de d’Ansembourg grommelle, jaloux : « C’est pas donné à tout le monde d’avoir une tête comme une potiche ! ».

Rires relaxants.

Mais les répétitions continuent. André-Dumont s’avance, l’air emprunté, et susurre d’une voix qu’il essaie de monter le plus haut possible. Il s’identifie totalement à son rôle : la Comtesse de Pimbesche.

Et pendant toute une après-midi, nous passons notre temps à répéter les beaux vers de Racine, en pensant déjà au jour lointain où Les Plaideurs renaîtront sur la scène grandiose du collège.

(Article de Jean-Louis Jacobs dans FAMA)

Retour

 

_______________________________________

Molière - Biographie

Vocation inattendue et débuts difficiles

moliere 1Jean-Baptiste Poquelin naît en 1622 au sein d'une famille bourgeoise de l'un des quartiers les plus animés de Paris. Il ressent très tôt une attirance pour le théâtre qui le conduit, à vingt ans, à abandonner ses études de droit et la vie confortable auquel il était prédestiné par l'héritage de la charge de tapissier du Roi, pour faire carrière dans le milieu très incertain et peu honorifique du théâtre. Il s'associe avec les Béjart et fonde "l'Illustre Théâtre". Mais cette première tentative est un échec. Poursuivi par les créanciers, il est incarcéré. A sa sortie de prison, il quitte Paris pour la province, d'où il ne reviendra que treize ans plus tard soutenu par de grands seigneurs et enrichi par la double expérience d'acteur et d'auteur. C'est en effet durant cette période que Molière écrit ses premières pièces, notamment des farces, comme La Jalousie du barbouillé, en 1646. Il fait la connaissance de différents publics, apprend à observer les hommes, ce qui lui permettra de mettre en scène des personnages hauts en couleur comme l'Avare, par exemple.

Protection du Roi et consécration

Dès son retour à Paris, grâce à l'appui de Monsieur, duc d'Orléans et frère du Roi, il se produit devant la cour. Le succès qu'il remporte, avec Les Précieuses ridicules notamment, lui permet de jouer dans la salle du Petit Bourbon. Lorsqu’il prend possession du Palais-Royal en 1661, Molière est apprécié de tous, et particulièrement du Roi. Habillement, il satisfait tous les goûts, alternant le gros comique de la farce, dans Sganarelle par exemple, les divertissements royaux à grand spectacle (musique, danse et chant) comme dans Les Fâcheux, et les comédies sérieuses, subtilement satiriques.

Chefs-d'œuvre, contestations et renoncement

Avec la maturité, Molière va se spécialiser dans ce genre qui ne se contente pas de faire rire. Mais il s'attaque aux conventions et la critique est sévère : les thèmes qu'il aborde sont dangereux. Dès 1662, L'Ecole des femmes dont le sujet est le mariage déclenche la controverse, alimenté deux ans plus tard par une comédie qui s'en prend à la fausse dévotion : Tartuffe. La pièce est interdite. L'année suivante, Dom Juan subit un sort semblable. Après Le Misanthrope, et même si le succès ne faiblit pas, même si Louis le grand, le Roi Soleil le soutient toujours (il devient le parrain du fils qu'ont eut après leur mariage Armande Béjart, jeune fille de vingt ans, et le dramaturge), Molière, rongé par la maladie et critiqué par de trop nombreux ennemis, abandonne " les grandes comédies " et revient au théâtre de ses débuts avec Les Fourberies de Scapin (farce), Le Bourgeois gentilhomme (pièce à grand spectacle) ou des peintures de caractères telles l'Avare, Le Malade imaginaire. C'est au cours de la quatrième représentation de cette pièce qu'il s'effondre et meurt quelques heures plus tard dans les coulisses.

 

Le malade imaginaire – la pièce

maladeArgan, malade imaginaire prend plaisir à vérifier les comptes de son apothicaire, puis sonne sa servante, Toinette, et s'irrite contre elle, car, non seulement elle le laisse seul, mais elle ne prend pas sa maladie au sérieux. Il fait ensuite venir sa fille, Angélique, mais doit se rendre aux «commodités», ce qui permet à celle-ci d'avouer à Toinette son amour pour le jeune Cléante. Argan, de retour, lui parle d'une demande en mariage dont elle est l'objet; un quiproquo laisse croire à Angélique qu'elle émane de Cléante, ce dont elle se réjouit, mais son père la détrompe : il s'agit d'un certain Thomas Diafoirus, neveu du médecin d'Argan, et médecin lui-même. Argan est d'ailleurs poussé par Béline, sa seconde femme, à déshériter ses enfants, et il s'apprête à refaire son testament dans ce sens.

fauteuilCléante pénètre dans la maison en se faisant passer pour le remplaçant du maître de musique, afin de parler avec sa maîtresse. Malheureusement, Argan assiste à l'entrevue, ce qui oblige les jeunes gens à s'entretenir en langage codé. Entrent les Diafoirus : Thomas, «grand benêt nouvellement sorti des Écoles», adresse une déclaration si ridicule à Angélique, qu'elle suscite les sarcasmes de Toinette. Angélique manifeste de la répugnance vis-à-vis de Thomas Diafoirus, mettant son père en fureur, d'autant que Béline dit avoir aperçu ensemble Cléante et Angélique. Argan essaie de tirer les vers du nez de la petite Louison, la plus jeune de ses filles; celle-ci résiste d'abord, puis la perspective du fouet l'amène à contrefaire la morte, mais elle doit capituler et avouer ce qu'elle sait. Béralde, homme de bon sens, essaie de convaincre son frère, Argan, qu'il n'est pas malade et que les médecins sont des charlatans incapables de guérir qui que ce soit; il met ensuite à la porte l'apothicaire, M. Fleurant, venu donner un clystère à son patient. Survient alors M. Purgon, furieux d'avoir appris qu'on résistait à ses remèdes; il fait à Argan un tableau terrible des maux qui l'attendent et l'abandonne à son triste sort. Désespéré de sa situation, le malade imaginaire accueille à bras ouvert un nouveau médecin qui n'est autre que Toinette déguisée : elle lui donne une série de conseils burlesques.

Béralde essaie à nouveau d'ébranler les convictions ridicules de son frère sur la médecine, puis le pousse à mettre à l'épreuve la sincérité des sentiments de Béline. Alors qu'Argan feint d'avoir rendu l'âme, celle-ci se réjouit immédiatement, et s'enfuit de terreur quand il se redresse. Même épreuve pour Angélique qui, au contraire, se lamente de cette perte et laisse éclater sa douleur. Argan, touché, la laisse libre d'épouser Cléante, et décide de devenir lui-même médecin, afin de mieux se soigner, comme le lui suggère Béralde

Retour

____________________________________

 

Michel de Ghelderode - biographie

ghelderode 2Adhémar Martens (Ixelles, 1898 - Schaerbeek, 1962) est né à Bruxelles dans une famille d'origine flamande.  C'était un enfant solitaire, enfermé dans ses rêves, qui resta marqué par l'école religieuse qu'il fréquenta et qui lui inculqua la peur du diable et de la mort. Le travail de son père aux Archives Générales lui donna le goût de l'histoire tandis qu'il était influencé par les légendes flamandes que lui racontait sa mère.

Il s'est inventé une biographie imaginaire pour sortir du vécu banal de petit fonctionnaire qui était le sien Dès 1918, il publie ses premiers textes sous le pseudonyme de "Michel de Ghelderode" (du nom d'une localité flamande) qu'il conservera toute sa carrière. Le choix de ce pseudonyme est d'ailleurs révélateur d'une quête d'identité et d'un attachement réel à la Flandre auquel s'ajoute le rejet de son milieu. Dès le début, il se montre attaché à des "mythes flamands" même s'il écrit en français. La plupart de ses œuvres - pièces pour marionnettes, pièces pour le Vlaamsche Volkstoneel ou récits - sont imprégnées du même esprit. Le VVT était une troupe de théâtre itinérante, catholique, flamingante et intéressé par les recherches expressionnistes et constructivistes dans le domaine du théâtre. Ghelderode écrivit, pour cette troupe, plusieurs pièces qui furent traduites du français au flamand, notamment Images de la vie de Saint François d'Assise en 1927. 

Après la disparition de ce théâtre, il continua à écrire mais, faute d'une reconnaissance francophone, ses pièces ne furent pas montées, c'est le cas de La Balade du Grand Macabre, Mademoiselle Jaïre, Hop Signor, Fastes d'Enfer notamment. Après la guerre, sa participation à Radio-Bruxelles, aux mains des Allemands, lui fut reprochée. Comme Malva, il avait cherché surtout la reconnaissance qui ne vint que tard: alors que la majorité de ses œuvres dramatiques avaient été écrites entre 1925 et la seconde Guerre mondiale, paradoxalement il ne connut le succès parisien qu'à la fin des années '40. A partir des années '50, il fut joué partout en Europe et dans le monde.

 

 

Escurial –la pièce

escuri4Un roi fou, enfermé avec son bouffon dans son palais décrépit, attend la mort d'une reine agonisante. Par jeu, par défi ou par pure cruauté, le roi impose au bouffon un jeu étrange : pour un temps, ils inverseront leurs attributs et leurs fonctions. Bon gré, mal gré, le bouffon s'exécute, mais il se prend au jeu et, au moment de restituer au roi son sceptre et sa couronne, il les garde et tente de conserver le pouvoir. Le roi le fait alors mettre à mort par son bourreau.

 

 

 

 

 

Introduction à Escurial

Les élèves du collège ont le plaisir de jouer pour vous une pièce en un acte de Michel de Ghelderode, “Escurial”.

Cet auteur belge qui nous a quittés voici sept ans fait évoluer dans l’Escurial, le fameux palais espagnol, un roi, inquiété de façon curieuse par la mort imminente de la Reine. C’est un roi dégénéré, morbide qui mélange à tout moment le rire et le chagrin.

Ce personnage, que l’on croyait sorti tout droit d’un tableau de Velasquez, oblige son bouffon à lui avouer l’amour qu’il éprouvait pour la reine, cette pauvre femme à l’agonie dans ce palais où rode la mort.

L’œuvre de Ghelderode, si abondante, révèle un monde toujours bizarre où se mélange mystique et sensualité, grandeur et bouffonnerie : ainsi les moments où le roi va jouer le rôle de son bouffon pour connaître les véritables sentiments de celui-ci vis-à-vis de la Reine.

Mais il y a aussi de la cruauté et de la chaleur humaine : ces aspects n’apparaîtront que tragiquement lors des derniers moments de cette œuvre forte, dure et angoissante qui va se jouer devant vous.

(Texte dit avant le lever du rideau par Jean-Marie STOCKMANS)

Retour

____________________________________

Reginald Rose - biographie

rosereginalReginald Rose (10 décembre 1920 – 19 avril 2002) est surtout connu en Amérique pour avoir été l’un des plus brillants auteurs de l’âge d’or de la télévision américaine, c’est-à-dire les années 1950. Son œuvre la plus célèbre, Twelve Angry Men (Douze hommes en colère), écrite en 1954, est d’abord et avant tout un scénario pensé pour la télévision (qui devint ensuite un film réalisé par Sidney Lumet en 1957 avec notamment Henry Fonda). Ce scénario ne fut adapté pour le théâtre qu’en 1964.

Il fut également scénariste pour quelques films.

Dans son œuvre, il montre un grand intérêt pour les problèmes sociaux et politiques.

3 Emmys (équivalent des Oscars pour la télévision) lui ont été décernés au cours de sa carrière.

 

 

 

 

 

12 hommes en colère – la pièce

01280Écrite par Réginald Rose en 1953, la pièce Douze hommes en colère évoque la dure réalité des quartiers défavorisés où, bien souvent, la haine combinée aux préjugés l’emporte sur le jugement et la justice. Un adolescent de 19 ans, suite au meurtre de son père, se retrouve inculpé de cet assassinat. Un jury composé d’une douzaine d’hommes devra donc délibérer de sa pure innocence ou de sa froide culpabilité.

Dès l’entrée des jurés, l’atmosphère se tend, chacun s’impatientant d’en finir avec ce procès qui s’éternise depuis bientôt une semaine. On assiste alors à un premier vote. Bien que tous s’attendent à pouvoir enfin reprendre leur train-train quotidien et cela en rendant rapidement un verdict unanime de culpabilité, l’un des membres, audacieux, se déclare en faveur de l’innocence du jeune. Doutant des faits et incapable de se résigner à mettre fin à la vie d’un homme en le soumettant à la peine capitale, ce juré, le n°8, demande à réexaminer certaines pièces à conviction. De fil en aiguille chacun doit se prononcer sur l’acte délibéré ou non de l’accusé entraînant ainsi une débandade d’émotions et d’altercations. Peu à peu l’invraisemblance des preuves et la douteuse existence de quelques autres provoquent un revirement de situation attisant la haine à l’égard du jeune.

Tout au long de ce procès, on assiste à plusieurs querelles interposant tour à tour chacun des membres du jury qui les amènent à prendre conscience que certaines de leurs opinions et valeurs personnelles ne reposent que sur un tissu de croyances erronées. De cette salle de verdict, tous en sortirent grandis; leur expérience de jurés venait de leur inculquer une grande leçon de vie: on ne peut guère déceler toute l’ampleur de la vérité en un seul coup d’œil, celle-ci faisant trop souvent office de proie à quelconque individu en manque d’amour.

Retour

_______________________________

 

Emmanuel Roblès - biographie

roblèsEmmanuel Roblès est né à Oran en Algérie le 4 mai 1914. Son père est décédé avant sa naissance, il a donc grandi entouré de femmes. L'absence du père est une dominante dans son œuvre. Il s'inscrit à la Faculté des Lettres pour préparer une licence d'espagnol tout en collaborant à "l'Alger républicain" dont Albert Camus est rédacteur en chef et qui publiera "la Vallée du paradis".

La guerre oblige Emmanuel Roblès à cesser ses études et il devient interprète auxiliaire de l'armée, puis officier-interprète. Cette période est pour lui très mouvementée et lui vaut, en particulier, les émotions fortes de plusieurs accidents d'avion. Les premiers jours de mai 1945, et la fin de la guerre avaient trouvé Roblès en Allemagne. Il fut démobilisé à Paris avec beaucoup de souvenirs et la cicatrice d'une blessure.

Dès lors, il s'efforce de vivre de sa plume. Durant l’année 1947, il écrit également sa première pièce "Montserrat".) qui obtient tout de suite un retentissement considérable.

Il s'est passionné pour l'activité d'une compagnie théâtrale d'amateurs: "Le Théâtre de la rue" dont il a été l'un des fondateurs. Il s'est, de la même manière, intéressé de très près aux problèmes de l'Education populaire et figure parmi ses animateurs et ses propagandistes les plus convaincus. Il sera élu membre de l'Académie Goncourt en 1973 au fauteuil de Roland Dorgelès.

Emmanuel Roblès est décédé en 1995 à Boulogne (Hauts de Seine).

Mer libre – la pièce

caraqueLa pièce d’Emmanuel Roblès recrée un épisode de mutinerie qui s’est déroulé lors du premier voyage autour du monde entrepris par le navigateur portugais Magellan.

Persuadé de la rotondité de la terre, celui-ci était convaincu qu'il pourrait rejoindre, en empruntant une route allant vers l'Ouest, les îles aux épices qu'il avait déjà approchées dans sa jeunesse, alors qu'il servait dans la flotte d'Albuquerque.

Charles Quint lui accorde une somme assez importante afin qu'il mène à bien son aventure. Magellan, portugais, devait gérer une flottille de cinq navires espagnols. Les conflits étaient à prévoir et, dans le cas de Magellan, ils n’ont pas tardé.

Des cinq capitaines de l'expédition, il semble qu'au moins trois ne partageaient pas les mêmes vues que Magellan, au point que certains veulent l'éliminer. Après un bref séjour aux îles Canaries, le chef de la mutinerie, Juan de Cartagena grand d'Espagne, est fait prisonnier. Quatre mois passent et la flottille arrive près des côtes du Brésil en décembre. La flottille porte le pavillon espagnol et le Brésil est une colonie portugaise, c'est pour cette raison que Magellan décide de s'ancrer au large de ce qui est aujourd'hui Rio de Janeiro. On y fait un ravitaillement et on vogue ensuite en direction du sud pour essayer de contourner l'Amérique du Sud. Nous sommes en décembre 1519 et plus Magellan navigue vers le sud, plus il fait froid. Magellan décide de passer l'hiver en Patagonie (Argentine). Pendant qu'il est là, une autre mutinerie s'organise. Cartagena était prisonnier sur le navire Victoria, dont le capitaine Luis de Mendoza décide de libérer Cartagena. Magellan peut, encore une fois, se défaire de ces mutins. Il abandonne Cartagena en Patagonie et exécute un autre capitaine mutin, Gaspar de Quesada.

 

Rubrique théâtrale

Le jour de l’Ascension, une représentation facultative nous a extasié (sic). Les étoiles du théâtre, Dony et compagnie, avec une éloquence prestigieuse, ont relaté les événements palpitants qui se sont déroulés sur les bateaux qui voguaient au gré des courants d’air provoqués par les allées et venues du P. Serge.

Le rideau vétuste s’est ouvert en geignant après une goutte d’huile. Soete et Oldenhove étaient préoccupés par la disparition de deux bateaux dans la poussière des coulisses.

Après une discussion orageuse avec ses officiers, dans laquelle Magelleboutte a pris une douche de postillons, celui-ci s’excitait sur des papiers de beurre gribouillés.

Un matin, Jacqueminz annonce la mutinerie en fanfare alors qu’Oldenhove vient de caqueter la réponse de la devinette de Magelleboutte. Alors le sanguinaire amiral décide de tendre un piège à Mendozibourg.

Pris de pitié envers le vieux clopinant, celui-ci accourt à grandes enjambées en compagnie de deux armoires à glace, coiffées de papier mâché.

Et grâce à nos valeureux corsaires, sous la conduite d’Oldenhove qui prend de plus en plus d’initiatives, l’assassinat est commis. Oldenhove plante son couteau dans le ventre de Mendozibourg, mais un crissement de ressorts nous rassure sur l’état de la victime. Magelleboutte jubile et rumine ; il fait pendre le cadavre comme un lièvre tué il y a peu.

La mutinerie est enrayée et le jugement aura lieu bientôt en présence de tous les hommes restés fidèles.

Stiernon n’avait pas de tabouret, mais le jugement a commencé. Après un discours de Soete bien arrosé, les accusés ont exposé leur point de vue sur cette affaire.

Meulemanz, fraîchement rasé et faisant crisser ses bottes bourrées de journaux s’en tire habilement par une vague histoire de cartes fausses. Puis, de Coca-Rase toussote pour dissimuler son claquement de dents. De Harlez conteste le rationnement exagéré tandis que Magelleboutte s’empiffre de rats de taille respectable. Puis, le P. Vermeersch donne sa bénédiction et les accusés se lèvent en même temps que la séance. Le verdict est prononcé par Jacqueminz qui s’égosille à faire taire l’amplification d’un moulin à café. Les peines sont terribles : trois des conspirateurs vont passer l’arme à gauche et de Coca-Rase, repentant, passera ses vieux jours chez les franciscains. Enfin, Magelleboutte avoue à Soete, tari par la surprise (resic) que les soit-disant (reresic) papiers de beurre gribouillés ne sont en réalité que des papiers de margarine graissés

La classe de 6ème B

Le rhétoricien chargé de l’édition de ce texte dans Fama choisit de l’émarger avec une citation de La Fontaine : « Esprits de second ordre qui n’étant bons à rien sur tout cherchent à mordre ».

Retour

___________________________

L’affaire du courrier de Lyon – l’histoire

Le 8 Floréal an IV (27 avril 1796), la malle-poste à destination de Lyon transporte la solde des soldats de Bonaparte en guerre en Italie : plus de 7 millions de livres en assignats. Partie de Paris, elle doit atteindre sa destination en une cinquantaine d’heures.

Depuis la sortie de Montgeron, l’ancienne route royale est en ligne droite jusqu’à Melun où, au soir, l’on commence à s’inquiéter du retard du Courrier de Lyon. (JPG)Un employé du relais, prend donc la route pour aller à son devant.

 

Arrivé au pont de Pouilly, à Vert-Saint-Denis, il découvre la malle-poste abandonnée et les cadavres mutilés du convoyeur et du postillon. Il décide de poursuivre sur Lieusaint d’où l’on préviendra la maréchaussée. Ainsi débute l’une des affaires les plus célèbres de la criminologie (JPG)française.

 

Rapidement l’enquête commence au relais de poste de Montgeron où deux servantes avaient remarqué la veille 4 hommes semblant attendre quelque chose. On retrouve également assez vite le loueur des chevaux utilisés par les bandits et notamment on identifie un certain Courriol et 3 complices : Durochat, Rossi et Vidal.

Ce Courriol avait déjeuné quelques jours plus tôt avec les sieurs Guesnot et Lesurques (ce dernier, jeune rentier ayant fait fortune à Douai dans la vente des biens nationaux). Un temps soupçonné, Guesnot est le 12 floréal à la préfecture de police pour récupérer ses papiers ; il se fait accompagner par son ami Lesurques. Le nœud de l’histoire est qu’au même moment les servantes de l’auberge de Montgeron attendent d’être interrogées, or elles croient reconnaître dans Lesurques l’un des bandits.

(JPG)

Celui-ci est immédiatement arrêté malgré ses dénégations. Lors du procès qui suit, l’alibi de Lesurques tombe lorsque l’on constate qu’il repose sur un recueil comptable falsifié (celui d’un ami bijoutier). Etienne Courriol, David Bernard (complice chargé des chevaux) et Joseph Lesurques sont condamnés à mort le 5 août 1796 et exécutés le 30 octobre de la même année.

(JPG)Avant de monter sur l’échafaud, Courriol dénonce ses complices notamment un certain Dubosc et innocente Lesurques.

 

Au fur et à mesure des arrestations ultérieures Durochat (passager de la malle-poste) est décapité le 5 août 1797, Vidal le 21 décembre 1799 enfin Dubosc le 24 décembre 1800.

Ce dernier, se déclare étranger à l’affaire mais des témoins lui reconnaissent une certaine ressemblance avec Lesurques. Alors méprise ? Fragilité du témoignage humain ?

La pièce de Marcel Dubois décrit fidèlement cette affaire qui, avant l’affaire Dreyfus (et aujourd’hui celle d’Outreau), a été longtemps considérée comme l’une des plus grandes erreurs judiciaires jamais commises. Il est à noter que certains historiens, comme Alain Decaux par exemple, continuent à penser que Lesurques était réellement coupable. Elle s’étend aussi sur le rôle du Juge Daubanton qui, d’abord convaincu de la culpabilité de Lesurques fut ensuite persuadé de son innocence et tenta tout pour pouvoir le sauver en vain. Elle donne enfin à l’acteur principal une double occasion de briller puisqu’il interprète à la fois Lesurques et Dubosc.

A noter qu’au collège, le Père Serge choisit de faire interpréter ces deux rôles par les Oldenhove twins (Joseph et Augustin).

Retour

Romulus le Grand – L’auteur et la pièce

L’auteur, Friedrich Dürrenmatt

http://www.librarything.com/authorpics/drrenmattfriedrich9867.jpgFriedrich Dürrenmatt est né le 5 janvier 1921 à Konolfingen dans l'Emmental (Canton de Berne); son père était pasteur. Il passe sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et la philosophie. En 1946, il interrompt ses études, épouse l'actrice Lotti Geissler et décide de se consacrer désormais à l'écriture. Ses trois enfants viennent au monde à Bâle et à Gléresse. A cette époque, il obtient ses premiers succès d'auteur dramatique avec Les Fous de Dieu pièce jouée au Théâtre de Zurich qui produit un véritable scandale. En 1952, il s'installe à Neuchâtel, dans sa maison du Pertuis-du-Sault. C'est dans le calme et l'isolement que Dürrenmatt réalisera son oeuvre monumentale. Il écrit pour le théâtre de nombreuses pièces dont Frank V, Les Physiciens, La Visite de la Vieille Dame (qui sera son plus gros succès et sera même adaptée au cinéma avec Ingrid Bergman dans le rôle-titre) et bien entendu Romulus le Grand. Il écrira aussi de nombreux romans (dont des romans policiers). Après la mort de sa première femme, Dürrenmatt épouse en 1984 l'actrice et réalisatrice Charlotte Kerr. Il meurt d'une crise cardiaque le 14 décembre 1990.

 

La pièce

romulus_titelEcrite en 1949 et représentée pour la première fois le 25 avril 1952 à Bâle, la pièce traite de la chute de l’Empire romain et a pour personnage principal Romulus Augustule, le dernier empereur romain qui fut déposé par le chef germain Odoacre en l’an 476 de notre ère. A cette date, Romulus n’était qu’un enfant mais Dürrenmatt choisit d’en faire un homme d’âge mur qui assiste –ou plutôt semble assister – impuissant à la chute progressive de son empire. Durant les deux premiers actes, on le voit nourrir ses poules et boire du vin plutôt que d’écouter son épouse Julia, sa fille Réa, son futur gendre Emilien évadé des geôles germaniques qui l’exhortent à réagir. Zénon, Empereur d’Orient lui rend également visite ainsi qu’un personnage étonnant, César Krupf, richissime vendeur de pantalons qui est prêt à offrir 10 millions de sesterces aux Germains pour qu’ils abandonnent leur progression vers Rome mais demande en échange à Romulus de lui offrir la main de Rea, ce qu’Emilien accepte pour sauver Rome alors que Romulus refuse avec la dernière énergie.

Le troisième acte se passe dans la chambre à coucher de l’empereur. Julia puis Réa viennent supplier Romulus de fuir l’avance des troupes germaniques en prenant avec elles un bateau pour la Sicile. Romulus refuse et encourage à nouveau sa fille à refuser la main de Krupf et d’épouser Emilien. Les deux femmes l’abandonnent. Romulus demande alors à Emilien de se montrer (il l’a vu entrer dans sa chambre en cherchant à se dissimuler). Progressivement, d’autres personnages de la pièce sortent de leur cachette ; il est visible qu’ils se sont rassemblés pour assassiner Romulus. Cédant à la demande d’Emilien, Romulus proclame qu’il a volontairement et consciencieusement abandonné l’Empire romain à son sort pour le laisser entre les mains d’Odoacre. Au moment où les conjurés lèvent leurs poignards, un domestique annonce que les Germains arrivent ; tous disparaissent laissant Romulus seul attendre la mort.

Au quatrième acte (qui au collège ne fut pas représenté), Romulus apprend que le bateau qui emmenait sa famille et les conjurés en Sicile a chaviré, ne laissant que Zénon comme seul survivant. Ensuite, Odoacre entre ; contrairement à ce qu’on attendait, il n’est nullement une brute barbare mais un homme aussi civilisé que Romulus auquel il offre de se soumettre avec tout son peuple. Il lui présente son fils, Theodoric, prototype de l’obéissance à front bas. Romulus réalise que leur intention commune est vouée à l’échec mais ne peut que laisser le trône d’Italie à Odoacre qui sait parfaitement qu’un jour, il sera déposé par Théodoric ; assassiner celui-ci dans l’instant ne servirait à rien d’autre « qu’à faire surgir mille nouveaux Théodoric ». Romulus quitte sa villa devant des soldats germains éperdus de vénération en proclamant : « Messieurs, l’Empire romain a cessé d’exister ».

_____________________________

Dix petits nègres – l’auteur et le roman

L’auteur

http://www.torquaymuseum.org/seeTheMuseum/agathaChristie/images/Agatha.jpgAgatha Christie est l'un des écrivains les plus connus au monde ; le nombre des traductions de ses romans est élevé (plus d'une centaine de langues) et leurs tirages ont été de plus de 100 millions d'exemplaires. Bien que ce type d'estimation ne soit pas aisé, certains considèrent Agatha Christie comme le deuxième auteur le plus lu de l'histoire de l'humanité, derrière William Shakespeare, en tout cas chez les Anglo-Saxons.

Agatha Christie a publié plus de 80 romans, recueils de nouvelles et pièces de théâtre. Une grande partie d'entre eux se déroule à huis clos, ce qui permet au lecteur d'essayer de deviner le coupable avant la fin du récit. Agatha Christie est un auteur important dans le secteur des romans policiers, que ce soit d'un point de vue commercial ou de l'innovation. En effet, même si elle n'hésitait pas à s'écarter des voies habituelles, elle tâchait de donner au lecteur le maximum d'informations pour qu'il puisse résoudre l'énigme. Un de ses premiers romans, Le Meurtre de Roger Ackroyd, est connu pour son dénouement surprenant.

Née Agatha Miller en 1890, elle publie son premier roman policier La mystérieuse affaire de Styles en 1920. Le roman obtient un succès instantané. Elle y invente sa figure récurrente la plus célèbre, celle du détective belge Hercule Poirot (Miss Marple, son autre grand personnage récurrent fera son apparition dans L’Affaire Protheroe, écrit en 1930). Son nom d’écrivain lui vient de son premier mari le Colonel Archibald Christie dont elle divorce en 1928. En 1930, elle se remarie avec l’archéologue Max Mallowan. Dès 1926, elle a été considérée comme une grande du roman policier et son succès ne s’est jamais démenti par la suite. Elle meurt en 1976.

Le roman

http://blog.doctissimo.fr/php/blog/Entre_Spleen_et_Ideal/images/10ptitsnegres.JPGDix petits nègres, publié en 1939 est, probablement, avec Le Crime de l'Orient-Express, le plus célèbre des romans policiers écrits par Agatha Christie.

Dix personnes d'horizons très différents sont invitées par un mystérieux personnage, à venir séjourner dans une villa située dans l'île du Nègre, perdue au bord de la côte du Devon. Elles n'y retrouvent pas leur hôte, mais seulement un couple de domestiques qui, pas plus que les invités, ne connaît le ou la mystérieux (se) U.N Owen ( version française: A.N.O'Nyme ). S'ensuit une série de dix meurtres apparemment inexplicables, tous calqués sur une célèbre comptine anglaise (Ten Little Niggers). L'explication sera finalement donnée par une confession écrite par l'assassin et jetée dans une bouteille à la mer.

Dans la version théâtrale, seuls huit meurtres sont commis, les deux derniers « petits nègres » parvenant à survivre au plan machiavélique de l'assassin, dessinant ainsi une fin « heureuse ».

Retour