Le théâtre au collège
Le théâtre au collège a été surtout (mais pas uniquement comme nous le verrons)
la chasse gardée du Père Serge qui sut utiliser au mieux les possibilités
offertes par la scène de la grande salle de gymnastique (dite « salle des
Franciscains ») dont la construction fut achevée en 1965.
Le dépouillement des archives du Père Serge montre manifestement que le
théâtre était l’une des activités qui lui tenait le plus à cœur puisque il a
conservé de très nombreuses photographies dont quelques-unes en couleur de
chacune des pièces qu’il a mises en scène : d’abord des photographies de chaque
acteur (ou de deux ou trois d’entre eux) puis de la mise en scène proprement
dite ; un choix de ces photos est présenté ici.
La première pièce de théâtre dont ses archives gardent trace est Antigone de Jean Anouilh, représentée en
1966 ; il n’apparaît pas qu’il ait mis en scène une autre œuvre avant
cette date ; avant lui, on trouve trace d’une représentation d’Antigone (de Sophocle, cette fois) avec
la collaboration de musiciens extérieurs au collège qui avaient été engagés
spécialement pour l’occasion.
Le choix des premiers acteurs (évidemment tous recrutés au sein du collège)
ne fut sans doute pas facile pour le Père Serge lorsqu’il se risqua pour la
première fois à cet exercice; on peut dire sans se tromper qu’il eut la main
heureuse en choisissant Georges Lobet (rhétorique 1969) pour le rôle du garde
Jonas dans Antigone d’Anouilh
puisqu’il le réemploya trois fois par la suite (rôles de Petit-Jean dans Les Plaideurs en 1967, d’Argan dans Le Malade imaginaire et enfin du Roi
dans Escurial). En regardant les
programmes des pièces, on peut remarquer qu’il eut progressivement tendance à
s’appuyer sur un petit nombre d’élèves régulièrement réemployés dans des rôles
divers…
Choisir une pièce n’est jamais chose facile dans une troupe d’amateurs et
le problème était encore plus compliqué à résoudre au collège à cause des rôles
féminins à pourvoir ; il fallait donc trouver des acteurs à la voix et au
physique point trop masculins pour que, sur scène, revêtu d’une robe et coiffé
d’une perruque, le personnage – évidemment joué par un jeune garçon ou un
adolescent puisse –de loin- apparaître crédible en jeune première (Angélique
dans Le Malade imaginaire), en comtesse acariâtre (
Les répétitions avaient lieu en général le soir ou le mercredi après-midi.
Lors de la première répétition (dès janvier), le Père Serge faisait jurer à
tous les acteurs qu’ils seraient présents sur scène à la date arrêtée pour la
représentation ; le mois de mai est en effet traditionnellement celui des
communions solennelles et il convenait de s’assurer qu’aucun acteur ne
choisirait à la dernière minute d’assister à la cérémonie plutôt que de jouer
son rôle sur scène.
Lorsque la date de la représentation approchait, la grande salle était
d’abord nettoyée à la sciure mouillée ; quand cette tâche était achevée,
commençait alors le grand ballet des chaises et leur mise en place pour
laquelle tous les élèves étaient conviés. Il y avait environ 400 places,
gratuites bien entendu. Les fenêtres arrière de la salle étaient enfin
occultées avec de grands caches recouverts de plastique noir.
Compte tenu de l’équipement technique de la scène, le décor des pièces
était plutôt rudimentaire et surtout basé sur l’usage de tentures noires, de
quelques accessoires- et de beaucoup d’imagination. Les costumes étaient loués,
ce qui coûte de l’argent et tout laisse à penser que le Père Serge y allait de
sa poche. Les programmes –fort bien réalisés étaient l’œuvre d’un imprimeur de
Marche. Tous les acteurs étaient maquillés –parfois magnifiquement comme
Jacques Baillieux (rhétorique 1969) interprétant cette année-là le rôle du
Bouffon dans Escurial -par un autre
fou de théâtre, l’abbé Laloux du Centre culturel provincial célèbre dans tout
le Luxembourg pour mettre en scène annuellement La Passion avec ses paroissiens de Lavacherie (aujourd’hui
Sainte-Ode).
Toutes les pièces étaient représentées deux fois : d’abord le samedi
soir précédant la fête des parents, pour les seuls élèves et ensuite le
lendemain après-midi pour les parents et les élèves. Une seule fois – pour 12 hommes
en colère, la première eut lieu, sur la suggestion de Roger Leboutte
(rhétorique 1971), à l’hôtel des Roches à Rochefort – dont Roger est natif.
Bien sûr, le Père Serge n’était pas le seul au collège à se risquer à la
mise en scène ; d’autres professeurs comme Jean Piérard ou Jean-Marc
Derzelle ont également connu quelques belles réussites avec 29 degrés à l’ombre d’Eugène Labiche ou
une création mondiale comme Nous sommes
tous des papegais, entièrement écrite
par Jean-Marc Derzelle et qui connut – destin exceptionnel- quatre
représentations : deux au collège et deux à l’Institut Notre-Dame du Sacré
Cœur de Beauraing où Monsieur Derzelle était également professeur. Pour
compléter l’après-midi, le Père Matthieu, titulaire de la classe de poésie
dirigeait un certain nombre d’entre nous dans des chansons aux harmonisations
simples.
Régulièrement et sans que nous nous en doutions, un journaliste de l’Avenir du Luxembourg était présent
dans la salle lors des représentations : une petite recension –évidemment
bienveillante- était publiée dans le journal quelques jours plus tard. On en
trouvera ici l’un ou l’autre exemple.
Enfin, environ une semaine après les représentations, le Père Recteur et le
Père Serge remerciaient les acteurs en leur offrant le verre de l’amitié au
bord du bassin de natation.
Après le départ du Père Serge en juin 1972, il y eut encore des
représentations théâtrales au collège. Nous en présentons deux ici : tout
d’abord, Romulus le Grand de
Friedrich Dürrenmatt mis en scène en 1980 par Pascal Nottet (ancien élève) et Dix petits nègres » d’Agatha
Christie dirigé par Vincent Burnay (également ancien élève) en 1981.
Ainsi allait la vie théâtrale au collège Saint-François…
Ci-dessous, les photos.
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pour les agrandir
L’auteur,
la pièce et les répétitions (article paru dans FAMA)
L’auteur,
la pièce et l’introduction
L’auteur,
la pièce et la rubrique théâtrale (FAMA)
1972 - L’AFFAIRE
DU COURRIER DE LYON
1980 –
ROMULUS LE GRAND
Fils d'une famille
franco-basque installée à Paris, Jean Anouilh commence des études de droit puis
débute une carrière de publicitaire. Mais sa rencontre avec les pièces de Jean
Giraudoux sont une révélation : il vivra par et pour le théâtre. Après avoir
été secrétaire de Louis Jouvet jusqu'en 1932, il sort une première pièce, 'L'hermine'. Le succès et la célébrité
viennent avec sa deuxième pièce, 'Le
voyageur sans bagage', en 1937. Dès lors, il ne cesse de travailler et de
rencontrer le succès auprès du public, malgré des critiques parfois sévères. Il
a de plus participé à vingt-deux films, traduit sept pièces de dramaturges
étrangers, et mis lui-même en scène onze pièces. Une trentaine de ses pièces
ont été montées, notamment par George Pitoëff au théâtre des Mathurins, et interprétées
par les plus grands comédiens, français ou étrangers. Ses pièces qu'il a
catégorisées (pièces noires, roses, grinçantes, brillantes...) donnent une
image constante et pessimiste de la nature humaine, rongée par la nostalgie
d'une pureté perdue.
Antigone : la pièce
C'est à un acte de résistance qu'Anouilh doit l'idée de travailler sur le personnage d'Antigone. En août
1942, un jeune résistant, Paul Collette, tire sur un groupe de dirigeants
collaborationnistes Le jeune homme n'appartient à aucun réseau de résistance, à
aucun mouvement politique ; son geste est isolé, son efficacité douteuse. La
gratuité de son action, son caractère à la fois héroïque et vain frappent
Anouilh, pour qui un tel geste possède en lui l'essence même du tragique. Nourri
de culture classique, il songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un
esprit moderne évoque la résistance d'un individu face à l'État. Il la traduit,
la retravaille et en donne une version toute personnelle. La nouvelle Antigone
est donc issue d'une union anachronique, celle d'un texte vieux de 2400 ans et
d'un événement contemporain.
Dans la pièce de Sophocle le
personnage tragique n'est pas Antigone, mais Créon. Comme Œdipe, Créon s'est
cru un roi heureux. En cela, il fait preuve de "démesure" (ubris, en
grec), pour cela il doit être puni. Antigone est l'instrument des dieux, Hémon
le moyen, Créon la victime. Lui seul est puni en fin de compte. La mort
d'Antigone n'est en rien une punition, puisqu'elle n'a commis aucune faute, au
regard de la loi divine - au contraire. La tragédie est celle d'un homme qui
avait cru à son bonheur et que les dieux ramènent aux réalités terrestres.
Représentée dans un Paris encore occupé, Antigone
à sa création a suscité des réactions passionnées et contrastées. Le journal
collaborationniste Je suis partout porte la pièce aux nues : Créon est
le représentant d'une politique qui ne se soucie guère de morale, Antigone est
une anarchiste que ses valeurs erronées conduisent à un sacrifice inutile,
semant le désordre autour d'elle. Mais simultanément, on a entendu dans les
différences irréconciliables entre Antigone et Créon le dialogue impossible de
Même si les positions politiques ultérieures d'Anouilh le
situent dans un conservatisme ironique, on peut postuler qu'Antigone est
en fait une réflexion sur les abominations nées de l'absence de concessions,
que ce soit au nom de
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Orphelin à trois ans, Jean Racine est éduqué à
Port-Royal. Il devient l'ami de fils de grandes familles du royaume, relations
qui lui seront fort utiles dans sa carrière.
Décidé à devenir auteur, Racine essaye vainement d'obtenir un bénéfice
ecclésiastique pour assurer sa vie matérielle. Colbert lui fait pourtant
obtenir une pension en 1664, qu'il conservera jusqu'à sa mort.
Racine est d'abord reconnu comme poète officiel. En juin 1664 Molière
accepte de jouer sa première tragédie :
Sa gloire réelle date du succès considérable d'Andromaque, en novembre 1667. Avec Bérénice (1670), dédiée
à Colbert, Racine obtient l'enthousiasme du public et triomphe devant Corneille
(qui avait auparavant écrit Tite
et Bérénice). En 1673, il entre à l'Académie française, et devient
Trésorier de France, à Moulins.
Phèdre est créée en 1677, et se trouve alors en rivalité avec une
autre pièce, Phèdre et
Hippolyte que jouait le théâtre de Molière. Cette pièce soutenue par
le duc de Nevers et toute une cabale, rencontre d'abord le succès avant d'être
rapidement supplantée par Phèdre,
qui apparaît bien vite comme le grand chef-d’œuvre de Racine.
En 1677, Racine accepte la charge (et l'honneur) d'écrire l'histoire
officielle du Roi, charge qu'il partage avec Boileau. A 37 ans, Racine a cessé
d'écrire pour le théâtre, n'écrivant plus que quelques livrets d'opéras pour le
Roi. Mais il est l'auteur dramatique le plus joué et admiré, et ses œuvres
complètes paraissent dès 1687. En 1689, Mme de Maintenon le convainc d'écrire
une pièce édifiante pour ses jeunes protégées de Saint-Cyr. Esther est jouée à
Il meurt le 21 avril 1699, et est enterré selon ses vœux à Port-Royal.
Les Plaideurs – la pièce
Racine
nous a offert dans Les Plaideurs
le schéma comique classique d'un couple de jeunes amoureux contrariés par la
lubie de leurs parents. L'originalité réside ici dans l'aberration qui hante le
cerveau de Dandin et de Chicanneau : le goût exagéré du recours à la justice,
la folie procédurière.
Le
premier acte s'ouvre sur une savoureuse introduction en patois picard par Petit
Jean, le portier du juge Perrin Dandin : son maître, atteint de la singulière
manie de juger à tort et à travers sans discontinuer, a été assigné à résidence
par le jeune Léandre, son fils, bien peiné de la folie paternelle. Le vieux
maniaque essaie, mais en vain, de déjouer la garde du domestique en sautant par
la fenêtre. Cependant Léandre nourrit aussi un tendre sentiment à l'égard
d'Isabelle, fille de Chicanneau séquestrée par son père ; c'est pourquoi il
ourdit un stratagème avec l'aide dévouée du secrétaire de Perrin Dandin,
l'Intimé. Entre temps le même Chicanneau s'est pris de querelle avec une grande
dame Yolande Cudasne, comtesse de Pimbesche, Orbesche et autres lieux, elle
aussi entichée de procès sans fin.
L'acte
II voit Léandre déguisé en commissaire, accompagné de l'Intimé dissimulé sous
les habits d'un huissier, pénétrer par ruse dans la maison de Chicanneau. À
l'issue d'un interrogatoire en règle que Chicanneau croit justifié par ses
précédents démêlés avec la comtesse de Pimbesche, les deux compères lui font
signer un faux procès-verbal qui est en fait une promesse de mariage en bonne
et due forme. C'est l’occasion d'une scène bien savoureuse où l'Intimé abreuvé
de coups par le soupçonneux et acariâtre Chicanneau, note dans le plus pur
style du Palais les sévices qu'il reçoit bien stoïquement. Par la suite, le
juge Dandin, comme une marionnette va apparaître et disparaître à plusieurs
endroits de la maison, déjouant la surveillance de son garde. Du grenier à la
cave, il essaiera d'entendre les deux plaideurs, Chicanneau et la comtesse,
venus lui exposer leur différend.
L'acte
III clôt la pièce en apothéose, Léandre lassé par l'inépuisable lubie de son
père, lui propose de juger sa famille et ses domestiques. D'abord réticent, le
vieillard va consentir lorsqu'on lui rapporte le larcin de Citron qui vient de
dérober un poulet. Le procès est ouvert avec Petit Jean désigné comme
accusateur, et l’Intimé comme avocat de la défense : c’est le point culminant
de la comédie qui brille par sa satire spirituelle des procédés juridiques.
Tandis que Petit Jean s'embrouille dans sa harangue, l'Intimé invoque
l'autorité d'Aristote, cite les auteurs anciens quand il ne fabrique pas ses
citations ou qu'il ne parodie pas certains mots célèbres comme le "Veni, vidi, vici" de César qui
devient "Je dois parler, je parle,
j'ai parlé". Bien entendu la disproportion entre les effets oratoires
et la cause du procès engendre sans cesse l'amusement du spectateur.
L'abondance verbeuse de l'Intimé endort le juge qui a essayé plusieurs fois
d'écourter la tirade de l'avocat.
Finalement
l'habileté de l'Intimé ne peut apitoyer le juge sur "cette famille
désolée", "ces pauvres enfants qu'on veut rendre orphelins".
Cette parodie fort réjouissante se termine par les "pleurs" des
jeunes chiots qui ont souillé la robe du juge après avoir "pissé
partout". Le chien Citron serait condamné aux galères, si ne survenait
l'heureux dénouement, l'annonce du mariage de Léandre et d'Isabelle forts du
contrat qu'ils ont extorqué à Chicanneau.
Les
répétitions (article paru dans FAMA)
“Plaideur, Acte I, scène 1,
en avant!”
« Allons, un
petit peu de nerf, hein, s’il vous plaît ! ». Le Père Serge,
personnage indispensable à la réalisation de la pièce, encourage de la voix et du
geste les acteurs qui font de louables efforts pour jouer des rôles on ne peut
plus difficiles. Pour le moment, ils sont trois sur la scène. Le premier,
d’Ansembourg qui a effectué brillamment un stage de théâtre pendant les
vacances s’en tire ô combien facilement : de l’avis professoral, il
interprète son rôle de l’Intimé aussi bien qu’un sixième !! Là-dessus, il
rougit, se trémousse et recommence en balbutiant son texte qu’il ne connaît pas
comme par hasard.
Lemaire, (dans le rôle du juge Dandin) juché au sommet
d’une échelle soupire d’aise et, à grand fracas, tombe sur la scène en
hurlant : « Au
voleur ! ». D’Ansembourg et Lobet se précipitent. Car le
troisième acteur était évidemment l’ineffable Lobet qui, couché par terre, un
sac de journaux lui servant d’oreiller, s’exclamait d’un ton plein de vérité et
admirablement imité (on l’espère) : « Dormons ! ».
Pendant ce temps Monfort buche son texte à pleins tubes
en attendant son tour de monter sur les planches (il joue Chicanneau, mon père)
et me souffle d’une voix mourante : « C’est
la première fois que je le
lis !! ». Mais Bailleux s’est élancé sur la scène et avec des
airs de jeune premier, minaude comme un marquis et essaie de crier aussi fort
que Lemaire (ce qui est franchement impossible, surtout avec la voix d’ours des
cavernes de notre Bailleux national). Le pauvre Lonchay, souffleur dans la
pièce comme dans le « civil », souffle autant qu’il peut mais ne sait
plus où donner de la tête tant les acteurs lui demandent de l’aide, sauf évidemment
Lobet (alias Petit-Jean) qui connait déjà tout son rôle par cœur et se fait
complimenter. Ce Pierrot-la-Lune de d’Ansembourg grommelle, jaloux : « C’est pas donné à tout le monde
d’avoir une tête comme une potiche ! ».
Rires relaxants.
Mais les répétitions continuent. André-Dumont s’avance,
l’air emprunté, et susurre d’une voix qu’il essaie de monter le plus haut
possible. Il s’identifie totalement à son rôle : la Comtesse de Pimbesche.
Et pendant toute une après-midi, nous passons notre temps
à répéter les beaux vers de Racine, en pensant déjà au jour lointain où Les Plaideurs renaîtront sur la scène
grandiose du collège.
(Article de Jean-Louis Jacobs dans FAMA)
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Vocation inattendue et débuts difficiles
Jean-Baptiste
Poquelin naît en 1622 au sein d'une famille bourgeoise de l'un des quartiers
les plus animés de Paris. Il ressent très tôt une attirance pour le théâtre qui
le conduit, à vingt ans, à abandonner ses études de droit et la vie confortable
auquel il était prédestiné par l'héritage de la charge de tapissier du Roi,
pour faire carrière dans le milieu très incertain et peu honorifique du
théâtre. Il s'associe avec les Béjart et fonde "l'Illustre Théâtre".
Mais cette première tentative est un échec. Poursuivi par les créanciers, il
est incarcéré. A sa sortie de prison, il quitte Paris pour la province, d'où il
ne reviendra que treize ans plus tard soutenu par de grands seigneurs et
enrichi par la double expérience d'acteur et d'auteur. C'est en effet durant
cette période que Molière écrit ses premières pièces, notamment des farces,
comme
Protection du Roi et consécration
Dès son retour à Paris, grâce à l'appui de
Monsieur, duc d'Orléans et frère du Roi, il se produit devant la cour. Le
succès qu'il remporte, avec Les
Précieuses ridicules notamment, lui permet de jouer dans la salle du Petit
Bourbon. Lorsqu’il prend possession du Palais-Royal en 1661, Molière est
apprécié de tous, et particulièrement du Roi. Habillement, il satisfait tous
les goûts, alternant le gros comique de la farce, dans Sganarelle par exemple, les divertissements royaux à grand
spectacle (musique, danse et chant) comme dans Les Fâcheux, et les comédies sérieuses, subtilement satiriques.
Chefs-d'œuvre, contestations et renoncement
Avec la maturité, Molière va se spécialiser
dans ce genre qui ne se contente pas de faire rire. Mais il s'attaque aux
conventions et la critique est sévère : les thèmes qu'il aborde sont dangereux.
Dès
Le malade imaginaire – la pièce
Argan, malade imaginaire prend plaisir à vérifier les
comptes de son apothicaire, puis sonne sa servante, Toinette, et s'irrite
contre elle, car, non seulement elle le laisse seul, mais elle ne prend pas sa
maladie au sérieux. Il fait ensuite venir sa fille, Angélique, mais doit se
rendre aux «commodités», ce qui permet à celle-ci d'avouer à Toinette son amour
pour le jeune Cléante. Argan, de retour, lui parle d'une demande en mariage
dont elle est l'objet; un quiproquo laisse croire à Angélique qu'elle émane de
Cléante, ce dont elle se réjouit, mais son père la détrompe : il s'agit d'un
certain Thomas Diafoirus, neveu du médecin d'Argan, et médecin lui-même. Argan
est d'ailleurs poussé par Béline, sa seconde femme, à déshériter ses enfants,
et il s'apprête à refaire son testament dans ce sens.
Cléante pénètre dans la maison en se faisant
passer pour le remplaçant du maître de musique, afin de parler avec sa
maîtresse. Malheureusement, Argan assiste à l'entrevue, ce qui oblige les
jeunes gens à s'entretenir en langage codé. Entrent les Diafoirus : Thomas,
«grand benêt nouvellement sorti des Écoles», adresse une déclaration si
ridicule à Angélique, qu'elle suscite les sarcasmes de Toinette. Angélique
manifeste de la répugnance vis-à-vis de Thomas Diafoirus, mettant son père en
fureur, d'autant que Béline dit avoir aperçu ensemble Cléante et Angélique.
Argan essaie de tirer les vers du nez de la petite Louison, la plus jeune de
ses filles; celle-ci résiste d'abord, puis la perspective du fouet l'amène à
contrefaire la morte, mais elle doit capituler et avouer ce qu'elle sait.
Béralde, homme de bon sens, essaie de convaincre son frère, Argan, qu'il n'est
pas malade et que les médecins sont des charlatans incapables de guérir qui que
ce soit; il met ensuite à la porte l'apothicaire, M. Fleurant, venu donner un
clystère à son patient. Survient alors M. Purgon, furieux d'avoir appris qu'on
résistait à ses remèdes; il fait à Argan un tableau terrible des maux qui
l'attendent et l'abandonne à son triste sort. Désespéré de sa situation, le
malade imaginaire accueille à bras ouvert un nouveau médecin qui n'est autre
que Toinette déguisée : elle lui donne une série de conseils burlesques.
Béralde essaie à nouveau d'ébranler les
convictions ridicules de son frère sur la médecine, puis le pousse à mettre à
l'épreuve la sincérité des sentiments de Béline. Alors qu'Argan feint d'avoir
rendu l'âme, celle-ci se réjouit immédiatement, et s'enfuit de terreur quand il
se redresse. Même épreuve pour Angélique qui, au contraire, se lamente de cette
perte et laisse éclater sa douleur. Argan, touché, la laisse libre d'épouser
Cléante, et décide de devenir lui-même médecin, afin de mieux se soigner, comme
le lui suggère Béralde
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Michel de Ghelderode -
biographie
Adhémar Martens (Ixelles, 1898
- Schaerbeek, 1962) est né à Bruxelles dans une famille d'origine
flamande. C'était un enfant solitaire, enfermé dans ses rêves, qui resta marqué
par l'école religieuse qu'il fréquenta et qui lui inculqua la peur du diable et
de la mort. Le travail de son père aux Archives Générales lui donna le goût de
l'histoire tandis qu'il était influencé par les légendes flamandes que lui
racontait sa mère.
Il s'est inventé une biographie imaginaire pour sortir du
vécu banal de petit fonctionnaire qui était le sien Dès 1918, il publie ses
premiers textes sous le pseudonyme de "Michel de Ghelderode" (du nom
d'une localité flamande) qu'il conservera toute sa carrière. Le choix de ce
pseudonyme est d'ailleurs révélateur d'une quête d'identité et d'un attachement
réel à
Après la disparition de ce théâtre, il continua à écrire
mais, faute d'une reconnaissance francophone, ses pièces ne furent pas montées,
c'est le cas de
Escurial –la pièce
Un roi
fou, enfermé avec son bouffon dans son palais décrépit, attend la mort d'une reine
agonisante. Par jeu, par défi ou par pure cruauté, le roi impose au bouffon un
jeu étrange : pour un temps, ils inverseront leurs attributs et leurs
fonctions. Bon gré, mal gré, le bouffon s'exécute, mais il se prend au jeu et,
au moment de restituer au roi son sceptre et sa couronne, il les garde et tente
de conserver le pouvoir. Le roi le fait alors mettre à mort par son bourreau.
Introduction à Escurial
Les élèves du collège ont le plaisir de jouer pour vous
une pièce en un acte de Michel de Ghelderode, “Escurial”.
Cet auteur belge qui nous a quittés voici sept ans fait
évoluer dans l’Escurial, le fameux palais espagnol, un roi, inquiété de façon
curieuse par la mort imminente de
Ce personnage, que l’on croyait sorti tout droit d’un
tableau de Velasquez, oblige son bouffon à lui avouer l’amour qu’il éprouvait
pour la reine, cette pauvre femme à l’agonie dans ce palais où rode la mort.
L’œuvre de Ghelderode, si abondante, révèle un monde
toujours bizarre où se mélange mystique et sensualité, grandeur et
bouffonnerie : ainsi les moments où le roi va jouer le rôle de son bouffon
pour connaître les véritables sentiments de celui-ci vis-à-vis de
Mais il y a aussi de la cruauté et de la chaleur
humaine : ces aspects n’apparaîtront que tragiquement lors des derniers
moments de cette œuvre forte, dure et angoissante qui va se jouer devant vous.
(Texte
dit avant le lever du rideau par Jean-Marie STOCKMANS)
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Reginald Rose (10 décembre 1920 – 19 avril 2002) est
surtout connu en Amérique pour avoir été l’un des plus brillants auteurs de
l’âge d’or de la télévision américaine, c’est-à-dire les années 1950. Son œuvre
la plus célèbre, Twelve Angry Men
(Douze hommes en colère), écrite en 1954, est d’abord et avant tout un scénario
pensé pour la télévision (qui devint ensuite un film réalisé par Sidney Lumet
en 1957 avec notamment Henry Fonda). Ce scénario ne fut adapté pour le théâtre
qu’en 1964.
Il fut également scénariste pour quelques films.
Dans son œuvre, il montre un grand intérêt pour les
problèmes sociaux et politiques.
3 Emmys (équivalent des Oscars pour la télévision) lui
ont été décernés au cours de sa carrière.
12 hommes en colère – la pièce
Écrite
par Réginald Rose en 1953, la pièce Douze
hommes en colère évoque la dure réalité des quartiers défavorisés où, bien souvent,
la haine combinée aux préjugés l’emporte sur le jugement et la justice. Un
adolescent de 19 ans, suite au meurtre de son père, se retrouve inculpé de cet
assassinat. Un jury composé d’une douzaine d’hommes devra donc délibérer de sa
pure innocence ou de sa froide culpabilité.
Dès l’entrée des jurés, l’atmosphère se tend, chacun
s’impatientant d’en finir avec ce procès qui s’éternise depuis bientôt une
semaine. On assiste alors à un premier vote. Bien que tous s’attendent à
pouvoir enfin reprendre leur train-train quotidien et cela en rendant
rapidement un verdict unanime de culpabilité, l’un des membres, audacieux, se
déclare en faveur de l’innocence du jeune. Doutant des faits et incapable de se
résigner à mettre fin à la vie d’un homme en le soumettant à la peine capitale,
ce juré, le n°8, demande à réexaminer certaines pièces à conviction. De fil en
aiguille chacun doit se prononcer sur l’acte délibéré ou non de l’accusé
entraînant ainsi une débandade d’émotions et d’altercations. Peu à peu l’invraisemblance
des preuves et la douteuse existence de quelques autres provoquent un
revirement de situation attisant la haine à l’égard du jeune.
Tout au long de ce procès, on assiste à plusieurs
querelles interposant tour à tour chacun des membres du jury qui les amènent à
prendre conscience que certaines de leurs opinions et valeurs personnelles ne
reposent que sur un tissu de croyances erronées. De cette salle de verdict,
tous en sortirent grandis; leur expérience de jurés venait de leur inculquer
une grande leçon de vie: on ne peut guère déceler toute l’ampleur de la vérité
en un seul coup d’œil, celle-ci faisant trop souvent office de proie à
quelconque individu en manque d’amour.
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Emmanuel Roblès est né à Oran en Algérie le 4 mai 1914. Son père est décédé
avant sa naissance, il a donc grandi entouré de femmes. L'absence du père est
une dominante dans son œuvre. Il s'inscrit à
La
guerre oblige Emmanuel Roblès à cesser ses études et il devient interprète
auxiliaire de l'armée, puis officier-interprète. Cette période est pour lui
très mouvementée et lui vaut, en particulier, les émotions fortes de plusieurs
accidents d'avion. Les premiers jours de mai 1945, et la fin de la guerre
avaient trouvé Roblès en Allemagne. Il fut démobilisé à Paris avec beaucoup de
souvenirs et la cicatrice d'une blessure.
Dès
lors, il s'efforce de vivre de sa plume. Durant l’année 1947, il écrit
également sa première pièce "Montserrat".) qui obtient tout de
suite un retentissement considérable.
Il
s'est passionné pour l'activité d'une compagnie théâtrale d'amateurs: "Le
Théâtre de la rue" dont il a été l'un des fondateurs. Il s'est, de la même
manière, intéressé de très près aux problèmes de l'Education populaire et
figure parmi ses animateurs et ses propagandistes les plus convaincus. Il sera
élu membre de l'Académie Goncourt en 1973 au fauteuil de Roland Dorgelès.
Emmanuel
Roblès est décédé en 1995 à Boulogne (Hauts de Seine).
Mer libre – la pièce
La pièce d’Emmanuel Roblès recrée un épisode de mutinerie
qui s’est déroulé lors du premier voyage autour du monde entrepris par le
navigateur portugais Magellan.
Persuadé de la rotondité de la terre, celui-ci était
convaincu qu'il pourrait rejoindre, en empruntant une route allant vers
l'Ouest, les îles aux épices qu'il avait déjà approchées dans sa jeunesse,
alors qu'il servait dans la flotte d'Albuquerque.
Charles Quint lui accorde une somme assez importante afin
qu'il mène à bien son aventure. Magellan, portugais, devait gérer une flottille
de cinq navires espagnols. Les conflits étaient à prévoir et, dans le
cas de Magellan, ils n’ont pas tardé.
Des cinq capitaines de l'expédition, il semble qu'au
moins trois ne partageaient pas les mêmes vues que Magellan, au point que
certains veulent l'éliminer. Après un bref séjour aux îles Canaries, le chef de
la mutinerie, Juan de Cartagena grand d'Espagne, est fait prisonnier. Quatre
mois passent et la flottille arrive près des côtes du Brésil en décembre. La flottille
porte le pavillon espagnol et le Brésil est une colonie portugaise, c'est pour
cette raison que Magellan décide de s'ancrer au large de ce qui est aujourd'hui
Rio de Janeiro. On y fait un ravitaillement et on vogue ensuite en direction du
sud pour essayer de contourner l'Amérique du Sud. Nous sommes en décembre 1519
et plus Magellan navigue vers le sud, plus il fait froid. Magellan décide de
passer l'hiver en Patagonie (Argentine). Pendant qu'il est là, une autre
mutinerie s'organise. Cartagena était prisonnier sur le navire Victoria,
dont le capitaine Luis de Mendoza décide de libérer Cartagena. Magellan peut,
encore une fois, se défaire de ces mutins. Il abandonne Cartagena en Patagonie
et exécute un autre capitaine mutin, Gaspar de Quesada.
Rubrique théâtrale
Le jour de l’Ascension, une représentation facultative
nous a extasié (sic). Les étoiles du théâtre, Dony et compagnie, avec une
éloquence prestigieuse, ont relaté les événements palpitants qui se sont
déroulés sur les bateaux qui voguaient au gré des courants d’air provoqués par
les allées et venues du P. Serge.
Le rideau vétuste s’est ouvert en geignant après une
goutte d’huile. Soete et Oldenhove étaient préoccupés par la disparition de
deux bateaux dans la poussière des coulisses.
Après une discussion orageuse avec ses officiers, dans
laquelle Magelleboutte a pris une douche de postillons, celui-ci s’excitait sur
des papiers de beurre gribouillés.
Un matin, Jacqueminz annonce la mutinerie en fanfare
alors qu’Oldenhove vient de caqueter la réponse de la devinette de
Magelleboutte. Alors le sanguinaire amiral décide de tendre un piège à
Mendozibourg.
Pris de pitié envers le vieux clopinant, celui-ci accourt
à grandes enjambées en compagnie de deux armoires à glace, coiffées de papier
mâché.
Et grâce à nos valeureux corsaires, sous la conduite
d’Oldenhove qui prend de plus en plus d’initiatives, l’assassinat est commis.
Oldenhove plante son couteau dans le ventre de Mendozibourg, mais un crissement
de ressorts nous rassure sur l’état de la victime. Magelleboutte jubile et
rumine ; il fait pendre le cadavre comme un lièvre tué il y a peu.
La mutinerie est enrayée et le jugement aura lieu bientôt
en présence de tous les hommes restés fidèles.
Stiernon n’avait pas de tabouret, mais le jugement a commencé.
Après un discours de Soete bien arrosé, les accusés ont exposé leur point de
vue sur cette affaire.
Meulemanz, fraîchement rasé et faisant crisser ses bottes
bourrées de journaux s’en tire habilement par une vague histoire de cartes
fausses. Puis, de Coca-Rase toussote pour dissimuler son claquement de dents.
De Harlez conteste le rationnement exagéré tandis que Magelleboutte s’empiffre
de rats de taille respectable. Puis, le P. Vermeersch donne sa bénédiction et
les accusés se lèvent en même temps que la séance. Le verdict est prononcé par
Jacqueminz qui s’égosille à faire taire l’amplification d’un moulin à café. Les
peines sont terribles : trois des conspirateurs vont passer l’arme à
gauche et de Coca-Rase, repentant, passera ses vieux jours chez les
franciscains. Enfin, Magelleboutte avoue à Soete, tari par la surprise (resic)
que les soit-disant (reresic) papiers de beurre gribouillés ne sont en réalité
que des papiers de margarine graissés
La
classe de 6ème B
Le rhétoricien chargé de l’édition de ce texte dans Fama
choisit de l’émarger avec une citation de
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L’affaire du courrier de Lyon – l’histoire
Le 8 Floréal an IV (27 avril
1796), la malle-poste à destination de Lyon transporte la solde des soldats de
Bonaparte en guerre en Italie : plus de 7 millions de livres en assignats.
Partie de Paris, elle doit atteindre sa destination en une cinquantaine
d’heures.
Depuis la sortie de Montgeron,
l’ancienne route royale est en ligne droite jusqu’à Melun où, au soir, l’on
commence à s’inquiéter du retard du Courrier de Lyon. Un employé du relais, prend donc la route pour aller à
son devant.
Arrivé au pont de Pouilly, à
Vert-Saint-Denis, il découvre la malle-poste abandonnée et les cadavres mutilés
du convoyeur et du postillon. Il décide de poursuivre sur Lieusaint d’où l’on
préviendra la maréchaussée. Ainsi débute l’une des affaires les plus célèbres
de la criminologie française.
Rapidement l’enquête commence
au relais de poste de Montgeron où deux servantes avaient
remarqué la veille 4 hommes semblant attendre quelque chose. On retrouve
également assez vite le loueur des chevaux utilisés par les bandits et
notamment on identifie un certain Courriol et 3 complices : Durochat,
Rossi et Vidal.
Ce Courriol avait déjeuné
quelques jours plus tôt avec les sieurs Guesnot et Lesurques (ce dernier, jeune
rentier ayant fait fortune à Douai dans la vente des biens nationaux). Un temps
soupçonné, Guesnot est le 12 floréal à la préfecture de police pour récupérer
ses papiers ; il se fait accompagner par son ami Lesurques. Le nœud de
l’histoire est qu’au même moment les servantes de l’auberge de Montgeron
attendent d’être interrogées, or elles croient reconnaître dans Lesurques l’un
des bandits.
Celui-ci est immédiatement
arrêté malgré ses dénégations. Lors du procès qui suit, l’alibi de Lesurques tombe
lorsque l’on constate qu’il repose sur un recueil comptable falsifié (celui
d’un ami bijoutier). Etienne Courriol, David Bernard (complice chargé des
chevaux) et Joseph Lesurques sont condamnés à mort le 5 août 1796 et exécutés
le 30 octobre de la même année.
Avant de monter sur
l’échafaud, Courriol dénonce ses complices notamment un certain Dubosc et
innocente Lesurques.
Au fur et à mesure des
arrestations ultérieures Durochat (passager de la malle-poste) est décapité le
5 août 1797, Vidal le 21 décembre 1799 enfin Dubosc le 24 décembre 1800.
Ce dernier, se déclare
étranger à l’affaire mais des témoins lui reconnaissent une certaine
ressemblance avec Lesurques. Alors méprise ? Fragilité du témoignage
humain ?
La pièce de Marcel Dubois
décrit fidèlement cette affaire qui, avant l’affaire Dreyfus (et aujourd’hui
celle d’Outreau), a été longtemps considérée comme l’une des plus grandes
erreurs judiciaires jamais commises. Il est à noter que certains historiens,
comme Alain Decaux par exemple, continuent à penser que Lesurques était
réellement coupable. Elle s’étend aussi sur le rôle du Juge Daubanton qui,
d’abord convaincu de la culpabilité de Lesurques fut ensuite persuadé de son
innocence et tenta tout pour pouvoir le sauver en vain. Elle donne enfin à
l’acteur principal une double occasion de briller puisqu’il interprète à la
fois Lesurques et Dubosc.
A noter qu’au collège, le Père
Serge choisit de faire interpréter ces deux rôles par les Oldenhove twins
(Joseph et Augustin).
Romulus
le Grand – L’auteur et la pièce
L’auteur,
Friedrich Dürrenmatt
Friedrich Dürrenmatt est né le
5 janvier 1921 à Konolfingen dans l'Emmental (Canton de Berne); son père était
pasteur. Il passe sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et
la philosophie. En 1946, il interrompt ses études, épouse l'actrice Lotti
Geissler et décide de se consacrer désormais à l'écriture. Ses trois enfants
viennent au monde à Bâle et à Gléresse. A cette époque, il obtient ses premiers
succès d'auteur dramatique avec Les Fous
de Dieu pièce jouée au Théâtre de Zurich qui produit un véritable scandale.
En 1952, il s'installe à Neuchâtel, dans sa maison du Pertuis-du-Sault. C'est dans
le calme et l'isolement que Dürrenmatt réalisera son oeuvre monumentale. Il
écrit pour le théâtre de nombreuses pièces dont Frank V, Les Physiciens, La Visite de la Vieille Dame (qui sera son
plus gros succès et sera même adaptée au cinéma avec Ingrid Bergman dans le
rôle-titre) et bien entendu Romulus le
Grand. Il écrira aussi de nombreux romans (dont des romans policiers).
Après la mort de sa première femme, Dürrenmatt épouse en 1984 l'actrice et
réalisatrice Charlotte Kerr. Il meurt d'une crise cardiaque le 14 décembre
1990.
La
pièce
Ecrite en 1949 et représentée
pour la première fois le 25 avril 1952 à Bâle, la pièce traite de la chute de
l’Empire romain et a pour personnage principal Romulus Augustule, le dernier
empereur romain qui fut déposé par le chef germain Odoacre en l’an 476 de notre
ère. A cette date, Romulus n’était qu’un enfant mais Dürrenmatt choisit d’en
faire un homme d’âge mur qui assiste –ou plutôt semble assister – impuissant à
la chute progressive de son empire. Durant les deux premiers actes, on le voit
nourrir ses poules et boire du vin plutôt que d’écouter son épouse Julia, sa
fille Réa, son futur gendre Emilien évadé des geôles germaniques qui
l’exhortent à réagir. Zénon, Empereur d’Orient lui rend également visite ainsi
qu’un personnage étonnant, César Krupf, richissime vendeur de pantalons qui est
prêt à offrir 10 millions de sesterces aux Germains pour qu’ils abandonnent
leur progression vers Rome mais demande en échange à Romulus de lui offrir la
main de Rea, ce qu’Emilien accepte pour sauver Rome alors que Romulus refuse
avec la dernière énergie.
Le troisième acte se passe
dans la chambre à coucher de l’empereur. Julia puis Réa viennent supplier
Romulus de fuir l’avance des troupes germaniques en prenant avec elles un bateau
pour la Sicile. Romulus refuse et encourage à nouveau sa fille à refuser la
main de Krupf et d’épouser Emilien. Les deux femmes l’abandonnent. Romulus
demande alors à Emilien de se montrer (il l’a vu entrer dans sa chambre en
cherchant à se dissimuler). Progressivement, d’autres personnages de la pièce
sortent de leur cachette ; il est visible qu’ils se sont rassemblés pour
assassiner Romulus. Cédant à la demande d’Emilien, Romulus proclame qu’il a
volontairement et consciencieusement abandonné l’Empire romain à son sort pour
le laisser entre les mains d’Odoacre. Au moment où les conjurés lèvent leurs
poignards, un domestique annonce que les Germains arrivent ; tous disparaissent
laissant Romulus seul attendre la mort.
Au quatrième acte (qui au
collège ne fut pas représenté), Romulus apprend que le bateau qui emmenait sa
famille et les conjurés en Sicile a chaviré, ne laissant que Zénon comme seul
survivant. Ensuite, Odoacre entre ; contrairement à ce qu’on attendait, il
n’est nullement une brute barbare mais un homme aussi civilisé que Romulus
auquel il offre de se soumettre avec tout son peuple. Il lui présente son fils,
Theodoric, prototype de l’obéissance à front bas. Romulus réalise que leur
intention commune est vouée à l’échec mais ne peut que laisser le trône
d’Italie à Odoacre qui sait parfaitement qu’un jour, il sera déposé par
Théodoric ; assassiner celui-ci dans l’instant ne servirait à rien d’autre « qu’à faire surgir mille nouveaux Théodoric ».
Romulus quitte sa villa devant des soldats germains éperdus de vénération en
proclamant : « Messieurs, l’Empire romain
a cessé d’exister ».
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Dix petits nègres – l’auteur et le roman
L’auteur
Agatha Christie est l'un des écrivains les plus connus au monde ; le nombre des traductions
de ses romans est élevé (plus d'une centaine de langues) et leurs tirages ont
été de plus de 100 millions d'exemplaires. Bien que ce type d'estimation ne
soit pas aisé, certains considèrent Agatha Christie comme le deuxième auteur le
plus lu de l'histoire de l'humanité, derrière William Shakespeare, en tout cas
chez les Anglo-Saxons.
Agatha Christie a publié plus de 80 romans, recueils de
nouvelles et pièces de théâtre. Une grande partie d'entre eux se déroule à huis
clos, ce qui permet au lecteur d'essayer de deviner le coupable avant la fin du
récit. Agatha Christie est un auteur important dans le secteur des romans
policiers, que ce soit d'un point de vue commercial ou de l'innovation. En
effet, même si elle n'hésitait pas à s'écarter des voies habituelles, elle
tâchait de donner au lecteur le maximum d'informations pour qu'il puisse
résoudre l'énigme. Un de ses premiers romans, Le Meurtre de Roger Ackroyd,
est connu pour son dénouement surprenant.
Née Agatha Miller en 1890, elle publie son premier roman
policier La mystérieuse affaire de Styles en 1920. Le roman obtient un
succès instantané. Elle y invente sa figure récurrente la plus célèbre, celle
du détective belge Hercule Poirot (Miss Marple, son autre grand personnage
récurrent fera son apparition dans L’Affaire
Protheroe, écrit en 1930). Son nom d’écrivain lui vient de son premier mari
le Colonel Archibald Christie dont elle divorce en 1928. En 1930, elle se
remarie avec l’archéologue Max Mallowan. Dès 1926, elle a été considérée comme
une grande du roman policier et son succès ne s’est jamais démenti par la
suite. Elle meurt en 1976.
Le roman
Dix
petits nègres, publié en 1939
est, probablement, avec Le Crime de l'Orient-Express, le plus célèbre
des romans policiers écrits par Agatha Christie.
Dix personnes d'horizons très différents sont invitées
par un mystérieux personnage, à venir séjourner dans une villa située dans
l'île du Nègre, perdue au bord de la côte du Devon. Elles n'y retrouvent pas
leur hôte, mais seulement un couple de domestiques qui, pas plus que les
invités, ne connaît le ou la mystérieux (se) U.N Owen ( version française:
A.N.O'Nyme ). S'ensuit une série de dix meurtres apparemment inexplicables,
tous calqués sur une célèbre comptine anglaise (Ten Little Niggers).
L'explication sera finalement donnée par une confession écrite par l'assassin
et jetée dans une bouteille à la mer.
Dans la version théâtrale, seuls huit meurtres sont
commis, les deux derniers « petits nègres » parvenant à survivre au
plan machiavélique de l'assassin, dessinant ainsi une fin
« heureuse ».